À 62 ans, après avoir consacré sa vie à l’enseignement des arts plastiques, Eugénie Dubreuil prend un tournant audacieux. En 1999, elle décide de plonger dans sa passion pour l’art et l’histoire de l’art en visitant les célèbres salles de vente, notamment Drouot. C’est dans cette institution parisienne qu’elle découvre une esquisse captivante de Marie Laurencin, un achat qui marque le début d’une aventure enrichissante. Sa quête de créations féminines stimule son enthousiasme et la pousse à créer un espace artistique unique.
Eugénie Dubreuil ne se doutait pas qu’en 1999, sa vie prendrait une direction inattendue. À la retraite depuis peu, cette enseignante des arts plastiques décide de s’immerger dans ce qui l’anime vraiment : l’art. Fascinée par les ventes aux enchères, elle passe du temps à Drouot, un lieu emblématique où se croisent histoire et créations artistiques. C’est là qu’elle tombe sous le charme d’un dessin de Marie Laurencin, une œuvre sans signature qui lui coûtera à peine quelques centaines d’euros. Cet achat ne se limite pas à un simple coup de cœur, mais devient le catalyseur d’une passion dévorante.
Une passion dévorante pour l’art féminin
Son aventure commence alors que la jeune retraitée élargit ses horizons artistiques. « Je me suis mise à acheter des œuvres de femmes et c’est devenu addictif, »
confie-t-elle avec enthousiasme. Les galeries voisines s’avèrent être plus coûteuses, mais Drouot lui ouvre un immense éventail de possibilités. Elle se plonge dans des catalogues, découvre des artistes qu’elle ne connaissait pas, et son atelier à Paris se transforme peu à peu en un lieu où l’art féminin a la vedette. Les souvenirs de ses achats l’accompagnent dans ses pérégrinations artistiques, et même si elle a parfois eu des regrets, comme celle d’une toile de Sofonisba Anguissola qu’elle n’a pu acquérir, sa passion ne faiblit pas.
Une collection qui prend vie
Quelle surprise pour Eugénie de réaliser qu’elle est devenue une collectionneuse, alors qu’elle n’avait pas planifié cette nouvelle direction. Ses trouvailles, accrochées à ses propres œuvres, redonnent vie à son atelier, un lieu désormais imprégné d’une atmosphère muséale. Son mari, Georges Châtain, poète et journaliste, lui propose même un nom pour sa collection : « La musée ». Une appellation qui résonne avec son parcours artistique.
Un espace pour les artistes féminines
Le désir d’explorer davantage la création artistique féminine la pousse à penser à des projets ambitieux. Eugénie se remémore le National Museum of Women in the Arts à Washington, le premier musée au monde dédié aux artistes féminines. Cette inspiration l’encourage à partager sa collection avec un public plus large. Au départ, elle convie des amis et des voisins à visiter son espace, mais elle prend rapidement conscience que, avec l’âge, la gestion de cette collection devient plus complexe. « L’âge aidant, »
admet-elle, « je dois penser à l’avenir de mes œuvres. »
C’est ainsi qu’Eugénie s’apprête à envisager la succession de sa collection, afin de garantir que ces œuvres ne soient pas dispersées ou ignorées après sa mort. Son rêve s’axe autour de la création d’un lieu pérenne où l’art féminin pourra prospérer. Son investissement personnel et artistique résonne comme un engagement non seulement pour sa propre histoire, mais également pour la valorisation des artistes femmes.
Les actions d’Eugénie Dubreuil illustrent la force d’une passion focalisée qui transcende les générations. Par son amour pour l’art et son désir de le partager, elle redéfinit la manière dont les œuvres féminines peuvent être perçues et appréciées. Sa quête est une source d’inspiration pour ceux qui s’engagent à préserver et célébrer l’héritage artistique des femmes.
Mots-clés: Eugénie Dubreuil, collectionneuse, art féminin, Drouot, Marie Laurencin, héritage artistique, National Museum of Women in the Arts.