La grotte de Dar-Es-Soltane 2, située à quelques kilomètres au sud de Rabat, constitue un trésor archéologique inestimable, daté de plus de 120 000 ans. Ce site fait l’objet d’une fascinante campagne de fouilles orchestrée par l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) en collaboration avec le Collège de France. Les résultats de ces recherches promettent d’éclairer nos connaissances sur les premiers Homo sapiens et leur diffusion à travers le monde.
Ce site unique est localisé dans un canal naturel, où les vestiges d’une civilisation millénaire persistent. Les travaux de recherche, en cours depuis 2022, s’inscrivent dans la continuité des fouilles précédentes menées dans les années 1970. À l’époque, André Débénath avait réalisé d’importantes découvertes, comme l’affirme Abdelouahed Ben-Ncer, expert en archéologie : « La meilleure documentation anthropologique de la région provient de cette grotte, occupée à partir d’il y a 120 000 ans. »
L’INSAP et le Collège de France collaborent pour percer les mystères de ce site par le biais de cette nouvelle campagne de fouilles, intégrée à un projet de grande envergure.
Une richesse archéologique sans précédent
Située entre une route fréquentée bordée de palmiers et l’océan Atlantique, la grotte de Dar-Es-Soltane 2 est à la fois un témoin du passé et un point d’intérêt pour les chercheurs. En juin 2023, lors de la troisième campagne de fouilles, l’équipe, composée d’étudiants casqués, s’attelle à dégager les couches successives de l’histoire humaine révélant fossiles et outils lithiques. Ces artefacts sont d’une importance capitale pour comprendre les modes de vie de nos ancêtres et leurs migrations à travers le monde.
Les fouilles mettent en lumière une culture lithique spécifique, connue sous le nom d’« atérien », qui se caractérise par des pointes taillées et est retrouvée dans une vaste zone, du Sahara à la Méditerranée, couvrant un territoire plus vaste que la superficie des États-Unis. Jean-Jacques Hublin, titulaire de la chaire de paléoanthropologie au Collège de France, souligne l’importance de cette culture dans le cadre des migrations des Homo sapiens il y a environ 70 000 ans. « Trouver des fossiles humains à Dar-Es-Soltane 2 nous donnerait une image de ceux qui sont sortis d’Afrique »,
exprime-t-il, renforçant ainsi l’importance de cette recherche.
Un tournant dans l’archéologie marocaine
Cette campagne de fouilles bénéficie du soutien institutionnel et financier du Collège de France, qui a permis à Jean-Jacques Hublin d’engager une partie de son prix Balzan pour soutenir la recherche. L’impact des découvertes précédentes à Djebel Irhoud, où les restes d’un Homo sapiens vieux de 315 000 ans ont été mis au jour, continue d’attirer l’attention des chercheurs du monde entier. Selon Abdelouahed Ben-Ncer, « Plusieurs équipes à travers le monde nous ont depuis contactés pour travailler au Maroc. »
Les autorités marocaines prennent également conscience de l’importance de ce patrimoine archéologique. La création d’un centre d’interprétation, la réhabilitation des routes environnantes, et l’arrêt des activités d’extraction de granulats témoignent d’un engagement fort pour la préservation du site. « Le site a été classé patrimoine national »,
ajoute Abdelouahed Ben-Ncer, marquant un tournant significatif dans la valorisation du patrimoine culturel et scientifique du Maroc.
Cette nouvelle phase de recherches archéologiques à Dar-Es-Soltane 2 semble prometteuse et pourrait changer notre regard sur les premières populations humaines. Les résultats attendus de cette collaboration entre le Collège de France et l’INSAP pourraient offrir des pistes déterminantes pour comprendre les débuts des migrations humaines et notre héritage commun.
Mots-clés: Dar-Es-Soltane 2, archéologie, Homo sapiens, paléoanthropologie, patrimoine culturel, fouilles, Maroc