La question des pesticides est un enjeu majeur pour l’agriculture française, mais également pour la santé des sols et des organismes vivants qui y résident. Les chercheurs français publient, dans la revue Environmental Science & Technology, la première étude-pilote conduite à l’échelle nationale sur la présence de ces produits dans les sols agricoles de France. Les résultats obtenus sont alarmants : une soixantaine de substances actives sont quasi généralisées dans les terres arables, voire même sur des terrains jamais traités. La rémanence de ces substances, leur nombre et leur concentration sont inquiétants et présentent un risque pour les organismes du sol.
L’étude a été menée sur un échantillon d’une cinquantaine de sites sélectionnés parmi les quelque 2 200 lieux formant le Réseau de mesure de la qualité des sols. Au moins une substance a été retrouvée sur 46 des 47 sites inclus dans l’étude, soit 98 %. En moyenne, 15 molécules différentes ont été détectées dans chaque échantillon.
Selon Claire Froger, chercheuse (Inrae) dans l’unité InfoSol d’Orléans et première autrice de ces travaux, la présence de telles substances dans les sols n’est pas surprenante en soi, mais leur rémanence, leur nombre et leur concentration mesurées sont inattendus et inquiétants. Les terres arables testées contenaient au moins sept substances différentes et le maximum atteignait 33 produits distincts sur un même site.
En conclusion, la présence quasi généralisée de ces substances actives dans les sols agricoles de France est préoccupante et nécessite une action immédiate. Les résultats obtenus renforcent également la nécessité de recourir à une phytopharmacovigilance effective et de promouvoir l’usage des pratiques agricoles responsables pour la santé des sols et des organismes vivants.
Mots-clés: pesticides, sols agricoles, phytopharmacovigilance, pratiques agricoles responsables.