Loin des époques passées où elle ravageait les marins en mer, la maladie du scorbut refait surface en France, semant l’étonnement parmi les médecins. Ce triste retour est principalement signalé par des pédiatres qui font état de cas, bien que rares, de carence aiguë en vitamine C. Une étude menée par une équipe de chercheurs français s’attachant à l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, à Paris, a pour la première fois scruté cette inquiétante tendance en France, révélant des données alarmantes sur la montée des cas.
Entre 2015 et 2023, un total de 888 cas de scorbut a été enregistré dans la base de données « Programme de médicalisation des systèmes d’information » (PMSI), la référence pour les enregistrements d’hospitalisation en France. À partir de 2015, une augmentation « significative et régulière » de l’ordre de 0,05 % par mois a été constatée. Toutefois, ce qui attire vraiment l’attention des chercheurs, c’est l’accélération de cette hausse à partir de 2020, qui grimpe à 1,9 % par mois.
Les symptômes observés sont souvent alarmants : les enfants se présentent avec des douleurs osseuses intenses, des douleurs musculaires, une détérioration de leur état général et parfois des saignements des gencives. Ulrich Meinzer, professeur de pédiatrie à l’hôpital Robert-Debré et coordinateur de l’étude, souligne que ces manifestations cliniques peuvent entraîner une errance médicale, compte tenu de leur caractère non spécifique. D’autres maladies, telles que la leucémie ou d’autres pathologies articulaires, peuvent être envisagées, rendant le diagnostic difficile lorsque cette carence en vitamine C n’est pas envisagée par les médecins.
Le retour inattendu du scorbut
La redécouverte du scorbut dans les hôpitaux français soulève des interrogations sur l’état de santé actuel de la jeunesse. Compte tenu de son lien traditionnel avec une nutrition insuffisante en fruits et légumes frais, la question se pose : qu’est-ce qui a pu provoquer cette résurgence ? La carence en vitamine C semble avoir des racines plus profondes que de simples choix alimentaires.
Une augmentation effrayante des cas
Les chiffres avancés par les pédiatres sont alarmants. La constance et l’accélération de cette pathologie la rendent d’autant plus préoccupante. En effet, les cas de scorbut ont plus que doublé au cours des dernières années. Pour mettre cela en perspective, on peut imager un scénario où des familles, souvent touchées par la précarité, se voient contraintes de réduire drastiquement leur consommation de produits frais. Ces mécanismes socio-économiques, couplés à des habitudes alimentaires en déclin, mettent en lumière une problématique de santé publique qui ne doit pas être ignorée.
Les signes et symptômes préoccupants
Bien que le scorbut ne soit pas toujours évident à identifier, certains signes doivent alerter. Les enfants touchés connaissent des douleurs osseuses très marquées, des douleurs musculaires et des saignements au niveau des gencives. « Ce tableau clinique peut faire penser à d’autres troubles graves, ce qui retarde le diagnostic », déplore Ulrich Meinzer. Dans un contexte où des maladies comme la leucémie dominent souvent les préoccupations médicales, il devient crucial de sensibiliser les praticiens à cette carence.
Vers une conscientisation accrue
L’enjeu n’est pas seulement médical, mais également éducatif et préventif. La sensibilisation autour de l’importance de la vitamine C dans l’alimentation doit être une priorité. Encourager la consommation de fruits et légumes parmi les enfants pourrait-être un pas essentiel vers une meilleure santé. Des initiatives en ce sens pourraient jouer un rôle dans la prévention de cette maladie oubliée, mais désormais d’actualité.
Les pédiatres attirent ainsi l’attention sur une réalité troublante : le retour du scorbut est un avertissement qui ne doit pas être pris à la légère. La mobilisation collective autour de la nutrition des plus jeunes est maintenant primordiale pour éviter que cette carence, résurgence d’un mal ancien, ne devienne une réalité alarmante de notre époque.
Mots-clés: scorbut, vitamine C, carence alimentaire, santé publique, pédiatrie, France