mercredi 30 octobre 2024
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Manifestation de folie contre les mégabassines à La Rochelle !

Des forces de l’ordre sécurisent le terminal agro-industriel du port de La Pallice tandis que des militants opposés aux mégabassines envisagent de l’investir de manière « symbolique » à La Rochelle le 20 juillet 2024.

Après l’échec d’une manifestation vendredi 19 juillet dans un champ enflammé près de Poitiers (Vienne), des milliers de détracteurs des réserves d’irrigation se dirigent le samedi vers le port de La Rochelle, dans l’intention de le bloquer de manière « symbolique » pour dénoncer les pratiques de l’agro-industrie. Les organisateurs, parmi lesquels le collectif Bassines non merci, ont annoncé une mobilisation « en milieu urbain et en bord de mer » dans une atmosphère de festivités et de carnaval.

Les autorités ont interdit tout regroupement à l’échelle de la commune. Plus de 3 000 gendarmes et policiers ont été mobilisés depuis le début de la semaine. Selon les organisateurs, 200 manifestants ont pénétré sur le terminal agro-industriel du port de La Pallice tôt le samedi matin, en arrivant « de manière surprenante du pont de l’île de Ré » afin de « contourner l’interdiction de manifester ». Avec une dizaine de tracteurs, ils affirment avoir mis en place un « blocage paysan » devant les installations d’un négociant en céréales.

Pendant ce temps, à Melle (Deux-Sèvres), des militants quittaient calmement le « village de l’eau », où plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées depuis mardi, pour se rendre à La Rochelle « par petits groupes de moins de dix personnes », comme l’a expliqué l’un d’eux à l’Agence France-Presse, sous le regard de gendarmes à cheval. La veille, le départ massif des opposants aux mégabassines de leur campement pour manifester dans la Vienne s’était heurté à un important dispositif de sécurité, les forces de l’ordre ayant fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser et multipliant les contrôles et les fouilles.

L’objectif de la deuxième journée de mobilisation est d’entourer le port pour dénoncer les grands acteurs de l’industrie céréalière, que les organisateurs associent à la construction des réserves d’eau contestées et à l’appropriation de l’eau par l’agro-industrie. « Nous déambulerons joyeusement pour entourer le port et bloquer ces flux (…). À tous ceux qui aiment naviguer, nous vous invitons à prendre vos gilets de sauvetage et à ramener vos kayaks, paddles et autres engins de plage pour former un cortège marin ! » ont lancé les organisateurs. Ils visent notamment les « silos géants » du port, des stocks gigantesques soumis aux fluctuations boursières, un site d’autant plus symbolique que le port agro-industriel de La Pallice est le deuxième port exportateur de céréales du pays, argumentent-ils.

« Les bassines ne sont pas conçues pour la culture locale, mais pour nourrir les marchés internationaux », a déclaré vendredi Julien Le Guet, l’un des porte-parole du mouvement, espérant pouvoir bloquer de manière « symbolique » le port. Vendredi, une première manifestation de plusieurs milliers de personnes (3 800 selon la police, 6 500 selon les organisateurs) a échoué dans la Vienne. Les organisateurs ont renoncé à rejoindre l’unité de production de semences d’une coopérative agricole près de Poitiers, des grenades lacrymogènes tirées par les gendarmes ayant provoqué un incendie dans un champ à proximité. « Nous allons nous préserver pour demain, et demain ce sera un autre chapitre, » a déclaré un organisateur au mégaphone pour mettre fin à la marche.

Craignant des incidents jusqu’au centre historique de La Rochelle, très fréquenté par les touristes en été, la préfecture de Charente-Maritime a interdit toute manifestation dans « toute la ville » jusqu’à 6 heures dimanche. « Il est hors de question de voir des violences au centre-ville de La Rochelle, un jour de forte affluence touristique. Des mesures de protection seront mises en place, mais nous demandons aux Rochelais de rester prudents tout de même et d’éviter certains secteurs, » a déclaré le préfet de Charente-Maritime, Brice Blondel, jeudi.

Le « village de l’eau » est organisé jusqu’à dimanche à Melle par Bassines non merci, les mouvements écologistes Les Soulèvements de la Terre et Extinction Rébellion, l’union syndicale Solidaires et l’association altermondialiste Attac, avec la participation de 120 structures militantes. Les réserves de substitution visent à stocker des millions de mètres cubes d’eau prélevés dans les nappes phréatiques en hiver pour irriguer des cultures en été. Plusieurs dizaines de ces réserves sont prévues dans la région. Leurs partisans les considèrent comme essentielles à la survie des exploitations agricoles face aux sécheresses récurrentes, tandis que leurs détracteurs dénoncent l’appropriation de l’eau par l’agro-industrie.

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