En Alaska, environ 85 % de son territoire repose sur le pergélisol, cette couche de sol gelé en permanence qui fond de plus en plus rapidement. La toundra arctique, autrefois puits de dioxyde de carbone (CO2), émet désormais plus de carbone qu’elle n’en absorbe, un changement alarmant lié à la hausse des températures et à une multiplication des incendies. Un rapport récent, élaboré par 97 scientifiques de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), met en lumière cette transition préoccupante, qui intensifie le cercle vicieux de la crise climatique.
La région arctique, considérée comme un indicateur du changement climatique, se réchauffe beaucoup plus rapidement que le reste de la planète. Effectivement, le pôle Nord subit une élévation de température de deux à quatre fois supérieure à celle observée ailleurs. Ce phénomène, nommé amplification arctique, se produit lorsque la glace et la neige réfléchissantes sont remplacées par de l’eau ou de la terre sombre, qui absorbent davantage les rayons du soleil. Selon les prévisions, l’année 2024 s’annonce comme étant la seconde la plus chaude depuis 1900, s’inscrivant dans une tendance où les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées.
Le rôle du pergélisol dans le cycle du carbone
Alors que des températures plus élevées peuvent soutenir la croissance des plantes, qui à leur tour absorbent le CO2, cette même hausse entraîne également le dégel du pergélisol. “Sous l’effet du réchauffement, les micro-organismes contenus dans ces sols décomposent davantage de matière organique, ce qui relâche du CO2 et du méthane,” précise Gerhard Krinner, climatologue à l’Institut des géosciences de l’environnement. Cette situation représente un danger particulier, car le pergélisol terrestre contient le double de la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère et le triple de ce qui a été émis par l’activité humaine depuis 1850.
L’impact des incendies de forêt sur le climat
Les incendies dévastateurs qui ont frappé les régions du Nord au cours des deux dernières années renforcent les émissions de carbone. En 2023, les feux de forêt au Canada ont rasé plus de deux fois la surface que les précédents records, relâchant environ 400 millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère, ce qui équivaut à environ 1 200 millions de tonnes de CO2. Ces chiffres sont plus élevés que les émissions annuelles cumulées de tous les pays, excepté la Chine, les États-Unis, l’Inde et la Russie. Les zones brûlées, quant à elles, continuent d’augmenter dans les régions arctiques, exacerbant la dégradation des couches isolantes du sol et accélérant encore le dégel du pergélisol.
Conséquences et perspectives futures
La projection des incendies et le dégel du pergélisol soulèvent des interrogations cruciales sur l’avenir environnemental de l’Arctique. Les perturbations de cet écosystème fragile pourraient avoir des répercussions bien au-delà des frontières, affectant le climat global. Les scientifiques mettent en garde contre un cercle vicieux provoqué par ces changements interconnectés, chaque élément renforçant l’autre dans une spirale qui semble sans fin. Il est donc impératif d’agir rapidement pour atténuer l’impact des activités humaines et limiter les effets du changement climatique.
Alors que la situation continue d’évoluer, il est vital que les décideurs prennent conscience des enjeux et des implications de ces phénomènes, afin de tracer une voie vers un avenir plus résilient. La protection de l’Arctique doit devenir une priorité pour prévenir des catastrophes climatiques à l’échelle mondiale.
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