Du 11 au 22 novembre, l’Azerbaïdjan sera le théâtre de la COP29, un événement spectaculaire qui s’annonce comme un véritable examen de la sincérité de la nation devant un jury international. Alors que le pays, dont l’économie repose presque entièrement sur les hydrocarbures, lutte contre des enjeux environnementaux majeurs, le président Ilham Aliev voit cette conférence comme une occasion d’améliorer l’image d’un régime critiqué pour ses violations des droits humains et son manque de liberté d’expression. La tenue de cet événement à Bakou, cependant, suscite des interrogations sur les véritables intentions derrière une telle initiative.
Depuis son indépendance en 1991, l’Azerbaïdjan, pays de 10 millions d’habitants, a bâti son économie sur l’exploitation du pétrole et du gaz de la mer Caspienne. Ces ressources énergétiques représentent à elles seules 92 % des exportations azerbaïdjanaises. Malgré des enjeux climatiques de plus en plus pressants, cette dépendance semble immuable. Dans ce contexte, la COP29 revêt une importance capitale non seulement pour l’Azerbaïdjan, mais aussi pour la communauté internationale, qui observe avec attention les actions du pays.
Un Sommet sous le signe de la contradiction
Avec un gouvernement en place depuis plus de trois décennies, la famille Aliev est accusée d’étouffer l’opposition et de contrôler les médias, contribuant ainsi à une réputation ternie dans le domaine des droits humains. L’Azerbaïdjan est classé au 130e rang mondial selon l’Economist Democracy Index, et il se situe au 164e rang sur 180 dans le classement établi par Reporters sans frontières. Ce contexte crée un paradoxe évident : alors que Bakou s’efforce de se positionner sur la scène internationale comme un acteur clé dans la lutte pour la protection de l’environnement, il doit encore faire face à un lourd héritage de répression.
Notons qu’un tournant inattendu a permis à l’Azerbaïdjan d’accueillir la COP29 : la décision de l’Arménie, son voisin ennemi, de lever son veto à la candidature de Bakou, suite à de longues négociations à la COP28 à Dubaï. Les autorités azerbaïdjanaises ont publicisé cet accord comme une « COP de la paix », aspirant ainsi à transformer l’image de leur pays à l’international.
Les enjeux environnementaux dans le conflit arméno-azerbaïdjanais
Malgré cette initiatives, les questions environnementales demeurent un axe de tension entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Les autorités azerbaïdjanaises ont accusé leurs homologues arméniens de nuire à leurs agriculteurs en privant leur région des ressources en eau essentielles. Plus récemment, la défense de l’environnement a été détournée par le gouvernement d’Aliyev pour justifier le blocus de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh. En se faisant passer pour des militants écologistes, des agents du pouvoir ont bloqué une route vitale pendant près de dix mois, invoquant des préoccupations environnementales autour d’une mine d’or.
Pourtant, les revendications écologiques ne semblent pas recevoir la même attention lorsqu’elles proviennent de citoyens azerbaïdjanais. En mars 2023, des villageois de Saatli ont manifesté contre des pénuries d’eau, une situation dramatique ignorée par le gouvernement. Leur demande d’aide a conduit à une réponse violente de la part des forces de l’ordre, qui ont fait usage de balles en caoutchouc contre les manifestants. Ces événements indiquent une répression grandissante, exacerbée à l’approche de la COP29, avec plus de 30 arrestations d’opposants, de journalistes et de syndicalistes dans le pays.
Un avenir incertain pour l’environnement en Azerbaïdjan
La situation actuelle soulève de vives inquiétudes quant à la capacité de l’Azerbaïdjan à aborder sérieusement les enjeux environnementaux pendant la COP29. L’absence d’organisations indépendantes de défense de l’environnement dans le pays ne laisse que peu d’espoir pour une véritable discussion sur les défis qui y sont liés. Alors que les yeux du monde entier se tourneront vers Bakou, les véritables préoccupations des habitants risquent d’être éclipsées par le désir du gouvernement d’améliorer son image.
Dans ce contexte, la communauté internationale doit poursuivre son engagement à rapporter ces enjeux afin de garantir que les droits humains et les préoccupations écologiques soient au centre des discussions. Le défi pour l’Azerbaïdjan sera de prouver qu’il est capable de mener une transition énergétique efficace tout en respectant les droits de tous ses citoyens.
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