Thomas E. Kurtz, figure emblématique de l’informatique moderne, a joué un rôle déterminant dans la simplification de l’accès aux ordinateurs grâce à la création du langage Basic. Ce langage a permis d’éradiquer la perception complexe et intimidante que suscitaient alors les machines. Son décès, le 12 novembre dernier à Lebanon, aux États-Unis, à l’âge de 96 ans, marque la fin d’une époque où l’informatique est devenue accessible à tous.
Originaire de l’Illinois et diplômé de Princeton, Kurtz nuança avec brio son parcours académique en s’intéressant au potentiel des ordinateurs dès leur apparition. En 1956, il rejoint l’université de Dartmouth, où il développe une vision audacieuse avec son collègue John Kemeny : démocratiser l’usage des ordinateurs. Cette ambition, jugée « complètement folle » par Kurtz, se manifesta dès le début des années 1960.
Démocratiser l’informatique : une vision partagée
Avec John Kemeny, Thomas E. Kurtz a conçu un espace informatisé où tout étudiant, peu importe son niveau académique, aurait accès à un ordinateur sans réservation préalable. Ce modèle rappelle celui d’une bibliothèque, où il est possible de parcourir des livres sans aucune autorisation.“N’importe quel étudiant peut entrer et parcourir les livres [sans] aucune permission”
, écrivait Kemeny. Dans cette optique, ils souhaitaient que chacun puisse explorer les possibilités offertes par la technologie.
Pour concrétiser cette vision, Kurtz et Kemeny ont élaboré un projet en deux étapes : d’une part, connecter de nombreux terminaux à un ordinateur central, offrant ainsi la possibilité de partager le temps de calcul ; d’autre part, développer un langage de programmation simplifié pour approfondir rapidement les compétences en informatique. Après plusieurs tentatives infructueuses avec Darsimco et Dope, ils parvinrent finalement à créer le Basic, qui signifie “Beginner’s all-purpose symbolic instruction code”, ou en français, “code d’instruction symbolique multiusage pour débutants”.
Le Basic : un outil de découverte pour tous
Le Basic a rapidement démontré sa valeur éducative et sa convivialité. Ces caractéristiques ont permis à plusieurs générations d’apprenants de se familiariser avec la programmation. Grâce à des formations de quelques heures, même ceux qui n’avaient aucune formation scientifique pouvaient débuter leur apprentissage. La facilité d’utilisation et l’accessibilité de ce langage ont incité des millions d’utilisateurs à se lancer dans le domaine de l’informatique.
Un héritage perdurant après sa disparition
La mort de Thomas E. Kurtz ne marque pas seulement la fin d’une vie, mais aussi celle d’une époque, celle où l’informatique est devenue partie intégrante de notre quotidien. Son influence sur l’éducation et la technologie demeure indélébile. Les principes de partage de savoir et d’accès universel qu’il a défendus continuent de guider le monde numérique d’aujourd’hui.
Il est essentiel de reconnaître la portée de ses contributions et d’agir pour maintenir cet héritage vivant. L’informatique doit rester un domaine accessible à tous, afin de stimuler l’innovation et l’éducation de manière équitable.
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