Hervé Temime, l’avocat, est parti, laissant derrière lui une famille de cœur composée de ses confrères, de ses amis et de ses proches, qui se souviendront longtemps de celui qui a voué sa vie à la défense. Eric Dupond-Moretti, le ministre de la justice, a annoncé la triste nouvelle le lundi 10 avril 2021. À l’âge de 65 ans, Hervé Temime est mort des suites d’une dissection de l’aorte après avoir réalisé la dernière plaidoirie de sa vie devant le tribunal correctionnel de Paris pour son confrère Xavier Nogueras. Il est parti en gardant sa robe, comme il l’avait promis à son ami Xavier.
Les derniers mots publics d’Hervé Temime ont été prononcés à l’enterrement de Pierre Haïk, son ami avocat. Hervé Temime a parlé avec chaleur et tendresse de son confrère du barreau qui lui manquera profondément. Thierry Herzog, son compagnon de barre et de fous rires, Jacqueline Laffont, l’épouse de Pierre Haïk, et lui-même se sont entourés les uns les autres dans leur passion commune de la défense. Hervé Temime avait une affection profonde pour sa tribu, sa famille de cœur depuis quatre décennies.
Hervé Temime a embrassé sa vocation d’avocat à l’âge de 21 ans. Pour lui, être avocat était une ambition unique et dévorante. Il considérait que cela renfermait ce qu’il y a de plus beau, de plus noble et de plus libre. S’il avait une assurance sans faille dans son savoir-faire, cela venait du socle inébranlable de confiance en soi qu’il avait construit grâce à l’amour et à l’humour débordants de sa mère, Héliette, et de sa grand-mère, Gaï. Le décès brutal de son père médecin quand il avait 10 ans avait laissé une béance en lui, mais il avait également renforcé son désir d’indépendance.
Hervé Temime était né en Algérie, mais le départ de sa famille juive rapatriée avait entraîné une séparation douloureuse avec ce pays. Il avait éprouvé le sentiment d’altérité dès son arrivée dans sa nouvelle école de Versailles. Il avait décidé de prendre sa revanche sur les revers de fortune de sa famille en prouvant par son travail acharné et sa volonté inébranlable qu’il pouvait tout gagner, tout perdre, mais tout regagner.
La mort d’Hervé Temime est une perte immense pour la communauté juridique. Il restera dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu comme un avocat passionné, un ami loyal et un être aimant. Son nom rejoint celui d’Emile Pollak, de Robert Badinter et d’Henri Leclerc dans la lignée des avocats majuscules.
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