Dans le cadre d’une exploration audacieuse de la critique cinématographique, le spectacle Contre, dirigé par Sébastien Pouderoux et Constance Meyer, a fait sa première au Théâtre du Vieux-Colombier à Paris, le 18 septembre 2024. Cette pièce se penche sur l’influence de Pauline Kael, célèbre critique de cinéma, et sur la vision artistique tumultueuse de John Cassavetes. À travers un mélange de tendresse et de critique, l’œuvre soulève des questions pertinemment actuelles sur la position des critiques et leur impact sur le monde du cinéma.
La scène théâtrale parisienne s’éveille sous l’effet de deux représentations qui interrogent le rôle de la critique. À l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Angelica Liddell se plaît à convoquer Ingmar Bergman dans un hommage à la critique cinématographique, tandis que Contre scrute avec brio l’héritage de John Cassavetes à travers les yeux de Pauline Kael. Cette dernière, figure emblématique du New Yorker, est mise à l’honneur, la pièce cautionnant son regard incisif sur le septième art et sa relation tumultueuse avec les réalisateurs. Évoquant le célèbre réalisateur, Sébastien Pouderoux incarne un Cassavetes spirituel, laissant entendre : Le jour où elle aimera mes films, je cesserai de faire du cinéma
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Une Critique à L’Épreuve du Temps
Au Théâtre du Vieux-Colombier, les thèmes de la critique et de l’art s’entremêlent, rendant hommage à l’influence indélébile de Kael, tout en mettant en lumière les failles d’un artiste au génie perturbé. En s’inspirant de la vie et de l’œuvre de Cassavetes et Gena Rowlands, la mise en scène ne se limite pas à un simple biopic. Au contraire, elle cherche à pénétrer l’esprit d’un homme à la fois talentueux et compromettant. Cette démarche permet d’éclairer l’interaction complexe entre la vie personnelle du réalisateur et son travail, unissant ainsi les espaces de vie et de création sur scène.
Un Décor Parlant
Le décor, riche et encombré, constitue une métaphore visuelle de la vie de Cassavetes. La scène représente un amalgame de cuisines, de bureaux et d’espaces privés, symbolisant un homme dont la vie personnelle et artistique était indissociablement liée. À une époque où il peinait à financer ses projets, Cassavetes n’hésitait pas à tourner dans sa propre maison, illustrant ainsi l’intimité de son processus créatif.
Une Exploration Profonde de la Complexité Artistique
Refusant d’adopter un ton hagiographique, Contre cherche à approfondir la nature parfois manipulatrice et auto-destructrice de son héros. Le spectacle révèle les contradictions d’un génie dont l’égoïsme pouvait parfois faire rage, au détriment de ses collaborateurs. Pour autant, cette introspection ne vise pas à critiquer le créateur, mais plutôt à exposer les nuances d’un homme dont les excès ont façonné un cinéma inoubliable. Loin d’effacer ses mises en scènes marquantes telles que Faces ou Love Streams, le spectacle plonge dans les zones d’ombre du personnage tout en mettant en avant sa sensibilité et son ingéniosité.
Séduire et Interroger
À travers une approche innovante, Contre soulève une réflexion essentielle sur le rapport entre les créateurs et leur critique. En mettant en lumière la figure de Pauline Kael, la pièce interpelle le public, le faisant voyager entre admiration et questionnements. En effet, dans ce monde où le regard critique peut faire basculer une carrière, les voix d’hier se heurtent aux réalités d’aujourd’hui, offrant une mise en abîme des enjeux artistiques contemporains.
Cette représentation audacieuse au Théâtre du Vieux-Colombier n’évoque pas seulement un pan de l’histoire du cinéma, elle revisite également la pertinence de la critique au sein de l’industrie créative. La pièce pose ainsi un jalon, invitant le spectateur à réfléchir sur le rôle que chacun joue dans le tissu complexe du monde artistique.
Mots-clés: théâtre, critique cinématographique, John Cassavetes, Pauline Kael, Constance Meyer, Sébastien Pouderoux, Paris, Vieux-Colombier