Dans le monde du cinéma, il est inhabituel qu’un attaché de presse se tourne vers la réalisation. Pourtant, Hassan Guerrar, un homme de 57 ans fort de quarante années dans l’industrie cinématographique, franchit ce cap avec son film Barbès, little Algérie. Cette œuvre, qui résonne profondément avec son parcours personnel, dépeint une histoire marquée par des conflits familiaux et une quête d’identité, tout en brossant un tableau vibrant du quartier de Barbès.
Hassan Guerrar, longtemps connu dans le milieu pour son charisme et son franc-parler, a su se faire un nom dans le cinéma français. Autrefois désigné par le prénom de « François », il a choisi de retrouver son identité originelle, ce qui symbolise son retour vers ses racines. Cette transformation personnelle reflète une lutte plus large, celle d’un homme pris entre deux mondes, l’Algérie et la France, un enjeu central de son film.
Un Voyage À Travers Barbès
Barbès, little Algérie se concentre sur Malek, un entrepreneur trentenaire en informatique, incarné par le rappeur Sofiane. Perdu entre le passé et le présent, il vit solitaire dans le quartier animé de Barbès, sans lien avec les siens restés en Algérie. L’arrivée inattendue de son neveu Ryad, joué par Khalil Ben Gharbia, marque un tournant dans son existence. Sa venue prépare le terrain pour explorer les souffrances latentes de Malek et l’histoire complexe de sa famille. Pourtant, le film ne s’attarde pas sur ce drame familial comme on pourrait s’y attendre. Au lieu de plonger profondément dans les blessures non cicatrisées d’une mère disparue et d’une fratrie déchirée, Guerrar choisit de se détourner de ces vérités intimes.
Le Quadrant Social de Barbès
La pudeur du réalisateur l’amène à embrasser un autre aspect de Barbès : celui de la coexistence de la misère et de la communauté dynamique qui l’habite. Le film s’enrichit d’une peinture hyperréaliste des défis tels que la pauvreté et la drogue, ciblant particulièrement la jeunesse du secteur. C’est un portrait nuancé, où quelque chose de plus joyeux s’entrelace avec la lutte : la vivacité, l’humour et la solidarité palpable des habitants. La présence des rappeurs Sofiane Zermani et Soolking accentue cette atmosphère vibrante, élevant ainsi l’œuvre au-delà du simple récit dramatique.
Une Tragi-Comédie Équilibrée
Barbès, little Algérie se révèle être une tragi-comédie fragile, marchant sur une ligne souvent délicate. L’artiste attend les retombées possibles de son histoire, angoissé par la nature de ses révélations. L’œuvre se décline ainsi à travers beaucoup de douceur et de subtilité, évitant les excès, tout en offrant une réflexion sur la vie à Barbès. Dans ce quartier, où le vital et le tragique se côtoient, Guerrar réussit à produire une œuvre qui parle à tous, tant par la beauté de ses portraits que par la profondeur de son propos.
L’Ombre de l’Identité et de l’Appartenance
En interrogeant les notions d’identité et d’appartenance, Barbès, little Algérie ne se limite pas à la quête personnelle de Malek. Il aborde également la réalité des immigrants qui se battent pour trouver leur place en France. Loin d’être un simple témoignage, le film invite le spectateur à une réflexion plus large — celle de la diaspora algérienne et des défis rencontrés dans un monde fracturé.
Ce voyage cinématographique nous offre ainsi une opportunité de contempler les résonances de la vie dans un quartier emblématique, révélant les complexités des relations humaines et les nuances d’un héritage culturel partagé, tout en laissant une empreinte durable dans l’esprit du public.
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