Paranoïa, Angels, True Love est le nouvel album de Christine and the Queens, un triple CD qui offre une palette sonore riche en émotions et en audaces théâtrales. Avec Les Adorables Etoiles comme prologue, La chanteuse nous plonge dans une expérience musicale où les structures pop sont violentées et les voix fuyant la proximité.
Le deuxième chapitre de ce « geste opératique » s’installe avec plus de bienveillance et d’intimité. Christine/Chris/Redcar, qui s’est transformée identitairement au masculin, nous transporte dans l’univers du deuil. Habité par la perte brutale de sa mère, l’album Paranoïa, Angels, True Love est inspiré par Angels in America, un œuvre du dramaturge américain Tony Kushner, évoquant le sida et la marginalité dans le New York des années 1980.
Les vingt titres et trois mouvements se déploient dans une chaleur intense qui côtoie les pleurs, les dérives somnambuliques et les quêtes d’au-delà. Les tsunamis existentiels ébranlent régulièrement l’ensemble, et les machines fracassent les méandres d’angoisses dans les onze minutes de Track 10.
La dimension spirituelle s’exprime à travers une délicatesse émotionnelle au sens le plus soul de l’âme. Marvin Gaye est le premier parrain de cette approche frissonnante des sentiments et de la peine.
Tout comme dans A Day in the Water ou Angels Crying in My Bed, la Motown se pare d’un minimalisme hypnotique souvent serti de cordes ténébreuses, beats décharnés ou nuages synthétiques virant à l’orage, tels qu’en agençaient les as du spleen trip hop (Massive Attack, Portishead).
Mots-clés: Paranoïa, Angels, True Love, Christine and the Queens, Les Adorables Etoiles, Tony Kushner, Marvin Gaye.