samedi 3 mai 2025

L’autoconsommation solaire séduit les Français malgré le coût

La transition énergétique en France connaît un tournant majeur, porté par l’essor spectaculaire des installations solaires. Les Français, de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux et économiques, s’orientent vers l’autoconsommation photovoltaïque, une solution qui allie durabilité et maîtrise des dépenses. Cependant, derrière cet engouement se cache une réalité complexe : l’énergie solaire, bien qu’attractive, reste inaccessible pour une grande partie des ménages en raison de son coût initial élevé. Pourquoi les motivations pour passer au solaire ont-elles changé ? Quels sont les obstacles et solutions envisageables ? Décryptons ensemble cette mutation énergétique aux multiples facettes.

La France s’illumine : boom des installations photovoltaïques

En France, l’énergie solaire connaît un véritable essor, avec une augmentation spectaculaire des installations photovoltaïques ces dernières années. Selon les données du ministère de la Transition écologique, pas moins de 611 107 systèmes photovoltaïques d’une puissance inférieure à 3 kWc étaient raccordés au réseau au 30 septembre 2024, tandis que 30 587 projets supplémentaires attendaient encore leur mise en service. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où la transition énergétique est devenue un enjeu crucial.

Longtemps centrée sur la revente d’électricité, la tendance s’oriente désormais vers l’autoconsommation, représentant 56,4 % des installations recensées. Cela marque une véritable mutation dans la manière dont les particuliers envisagent leur consommation énergétique. Les raisons de ce succès sont multiples : des coûts de production compétitifs par rapport aux tarifs d’électricité classique, une meilleure maîtrise de la facture énergétique et une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux.

Cette montée en puissance des installations photovoltaïques reflète l’engagement des Français dans la transition écologique. Cependant, cette croissance rapide s’accompagne de défis majeurs, notamment d’ordre financier, qui pourraient ralentir son déploiement à grande échelle.

L’énergie solaire, le choix préféré des Français

L’énergie solaire séduit de plus en plus les Français. Une étude Odoxa publiée en mai 2024 révèle que 9 Français sur 10 ont une opinion favorable du photovoltaïque, et 59 % souhaitent installer des panneaux solaires chez eux. Cette popularité s’explique par les nombreux avantages de cette technologie : elle utilise une ressource renouvelable et gratuite, tout en permettant de réaliser des économies substantielles sur les factures d’électricité.

En 2024, l’Agence de la transition écologique (Ademe) a estimé que le coût de production du solaire photovoltaïque pour une installation de 3 à 9 kWc variait entre 13 et 19 centimes d’euros par kWh, alors que le prix moyen du kWh acheté sur le marché atteignait 25 centimes. Cette différence de coût rend l’énergie solaire particulièrement attractive pour les ménages souhaitant réduire leur dépendance aux fluctuations des prix de l’électricité et améliorer leur résilience énergétique.

Les associations environnementales et les agences publiques plébiscitent également cette solution, considérant qu’elle constitue un levier clé pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. En outre, la rentabilité des installations solaires renforce leur popularité, bien que des obstacles financiers subsistent pour de nombreux foyers.

Autoconsommation solaire : une révolution énergétique en marche

L’autoconsommation solaire représente une véritable révolution dans la gestion de l’énergie domestique. Autrefois dominé par la revente totale d’électricité à des tarifs avantageux, le marché photovoltaïque s’oriente désormais vers une utilisation locale de l’énergie produite. Cette évolution est notamment accélérée par la hausse des prix de l’électricité et la baisse des tarifs de rachat, désormais peu incitatifs.

Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, les ménages ayant investi dans des panneaux solaires entre 2019 et 2022 économisent en moyenne 500 € par an grâce à l’autoconsommation, tout en générant 200 € supplémentaires via la vente des surplus. Ce modèle mixte, combinant consommation personnelle et revente partielle, permet un gain annuel total d’environ 700 €.

Ce basculement vers l’autoconsommation répond également à des impératifs écologiques et financiers. Les particuliers cherchent à réduire leur empreinte carbone tout en diminuant leur dépendance aux fournisseurs d’énergie. Toutefois, un arrêté tarifaire récent, abaissant le prix de rachat des surplus à 0,04 €/kWh, pourrait compliquer la rentabilité des installations et freiner cet élan.

Le casse-tête financier des installations solaires

Malgré ses nombreux avantages, l’énergie solaire reste difficilement accessible pour une grande partie des ménages en raison de son coût initial élevé. Une installation photovoltaïque standard de 3 kWc posée par un professionnel coûte en moyenne 10 500 €, selon l’UFC-Que Choisir. Cette dépense représente un investissement conséquent, nécessitant souvent plus de 15 ans pour être rentabilisé.

Pour contourner ces contraintes, certains optent pour des solutions plus abordables comme les kits solaires « plug and play », à poser soi-même. Bien que ces alternatives soient économiques, elles offrent des performances moindres et des économies limitées. De plus, ces kits ne répondent pas toujours aux normes requises pour bénéficier des aides existantes.

Ces coûts élevés expliquent pourquoi une majorité de Français (91 %, selon Odoxa) considère les installations photovoltaïques comme trop onéreuses. Cela freine l’adoption massive de cette technologie, malgré son potentiel pour réduire les factures énergétiques et contribuer à la transition écologique.

Rendre le solaire accessible : vers un soutien accru

Face à l’obstacle financier, les appels à un soutien accru de l’État se multiplient. Selon une enquête OpinionWay pour Monabee, 81 % des Français souhaitent que les panneaux photovoltaïques bénéficient des mêmes aides que les travaux de rénovation énergétique. En effet, contrairement aux équipements de chauffage solaire, les installations photovoltaïques ne sont pas éligibles à des dispositifs comme MaPrimeRénov’ ou les primes énergie.

Actuellement, les foyers peuvent profiter d’une TVA réduite à 10 % (5,5 % à partir d’octobre 2025) pour les installations posées par des professionnels certifiés RGE. De plus, une prime à l’autoconsommation, versée par EDF, permet de récupérer 80 €/kWc pour une installation jusqu’à 9 kWc. Cependant, ces aides sont souvent jugées insuffisantes pour encourager l’équipement de masse.

Pour démocratiser l’énergie solaire, les régions pourraient également jouer un rôle clé en proposant des subventions complémentaires. L’objectif est de rendre cette technologie accessible au plus grand nombre, tout en soutenant les efforts de transition énergétique à l’échelle nationale.

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