Le géant pétrolier français TotalEnergies fait face à une importante baisse de ses bénéfices en 2024, marquant un tournant dans une période historiquement prospère. Alors que les profits du groupe ont enregistré une chute de 26 %, s’établissant à 15,2 milliards d’euros, les marges se resserrent et les défis liés à la transition énergétique se multiplient. Dans ce contexte, cet article fait le point sur les grandes tendances qui façonnent l’avenir de TotalEnergies, entre engagements envers ses actionnaires, révision des investissements dans les énergies bas carbone et stratégies pour naviguer dans un marché en pleine mutation.
TotalEnergies subit une chute de 26 % de ses bénéfices en 2024
Le géant énergétique français TotalEnergies traverse une zone de turbulences en 2024 avec une chute de 26 % de ses bénéfices nets. Le groupe a rapporté un bénéfice net de 15,2 milliards d’euros, contre 19,8 milliards d’euros en 2023 et 19 milliards d’euros en 2022. Ces deux dernières années avaient été exceptionnellement profitables grâce à la flambée des prix du pétrole et du gaz, encouragée par des dynamiques macroéconomiques favorables comme la reprise post-COVID et les tensions liées à l’invasion russe de l’Ukraine.
Les principaux facteurs expliquant cette baisse sont la diminution des prix de l’énergie, jugés « moins favorables », et une forte contraction des marges de raffinage, selon le PDG Patrick Pouyanné. Les attentes des analystes de Bloomberg et FactSet, qui tablaient sur des bénéfices compris entre 16,8 et 17 milliards d’euros, n’ont pas été atteintes, confirmant un environnement économique plus complexe en 2024.
Malgré cette contre-performance, TotalEnergies reste un acteur solide dans le secteur énergétique. Ces résultats témoignent cependant des premiers impacts d’un marché en mutation, où volatilité des prix et concurrence accrue redéfinissent les trajectoires de rentabilité pour les géants pétroliers.
Dividendes en hausse : les actionnaires au cœur de la stratégie
Malgré une baisse significative de ses bénéfices en 2024, TotalEnergies n’oublie pas ses actionnaires, qui restent au centre de sa stratégie financière. L’entreprise a annoncé une nouvelle augmentation des dividendes de 7,6 % pour 2024, un geste perçu comme une marque de confiance envers ses investisseurs dans un contexte économique pourtant instable.
Cette décision s’inscrit dans une volonté de garantir une rémunération attractive et compétitive face à des concurrents internationaux comme Shell ou BP. La stratégie de redistribution généreuse de TotalEnergies montre que le groupe privilégie une approche visant à conserver l’engagement de ses actionnaires, même en période de bénéfices en recul. Cela soulève néanmoins des interrogations quant à sa capacité à équilibrer ces choix financiers avec les investissements nécessaires pour répondre aux futurs défis énergétiques.
Ce choix stratégique n’est pas isolé. Il reflète une tendance générale parmi les majors pétrolières, cherchant à maintenir la confiance des marchés financiers tout en naviguant dans une période de marges réduites et d’incertitudes liées à la transition énergétique mondiale. Ces dividendes en hausse seront scrutés de près pour évaluer leur impact sur la croissance à long terme de l’entreprise.
Retour sur les années fastes : 2022 et 2023, une époque révolue
Les années 2022 et 2023 resteront dans les annales comme une période de prospérité exceptionnelle pour TotalEnergies. Avec des bénéfices records de 19 milliards d’euros en 2022 et 19,8 milliards d’euros en 2023, l’entreprise a su capitaliser sur un contexte de prix élevés du pétrole et du gaz, propulsés par la guerre en Ukraine et une demande énergétique accrue post-pandémie.
Pendant ces deux années, la flambée des cours énergétiques a permis à TotalEnergies d’investir massivement dans des projets stratégiques tout en augmentant significativement les dividendes versés à ses actionnaires. Cependant, cette période dorée semble aujourd’hui appartenir à un passé révolu. Les marges resserrées et des prix en baisse montrent l’entrée dans un nouveau cycle, moins favorable pour les majors pétrolières.
Avec un marché désormais plus volatil, la question se pose sur la capacité du groupe à réitérer ces performances dans un environnement où la transition énergétique nécessite des investissements croissants et où les pressions économiques freinent la rentabilité des projets traditionnels. L’ère des profits records, bien que mémorable, semble marquer un tournant vers une transformation inévitable pour le secteur.
Baisse des investissements dans les énergies bas carbone : quel avenir ?
Alors que les attentes autour de la transition énergétique sont de plus en plus pressantes, TotalEnergies annonce une réduction inquiétante de ses investissements dans les énergies bas carbone, qui passent de 5 à 4,5 milliards de dollars en 2025. Cela représente une baisse de 500 millions de dollars, soit 10 %, par rapport aux engagements précédents. Ces chiffres suscitent des interrogations quant à l’engagement réel du groupe envers la transition écologique.
En dépit d’un cadre international où les pressions réglementaires et sociétales en faveur des énergies renouvelables se multiplient, TotalEnergies semble adopter une posture prudente, voire conservatrice. Cette décision s’aligne avec celles d’autres grands groupes comme Shell et BP, qui ont également annoncé des réductions similaires dernièrement. Cette tendance pourrait traduire une priorisation des rendements financiers à court terme au détriment des ambitions environnementales.
Cependant, cette stratégie soulève des défis majeurs pour l’avenir. Alors que les gouvernements et les institutions financières incitent à accélérer la transition énergétique, les entreprises qui réduisent leurs initiatives vertes risquent de perdre leur avantage compétitif. Cela pourrait également affecter l’image publique du groupe, déjà sous le feu des critiques pour son impact environnemental.
Investissements stratégiques : un cap à maintenir dans l’incertitude
Dans un contexte économique incertain, TotalEnergies met en avant sa capacité à maintenir un cap stratégique stable. Malgré la baisse des bénéfices et des investissements dans les énergies bas carbone, le groupe prévoit d’allouer des investissements nets compris entre 17 et 17,5 milliards de dollars en 2025. Cette enveloppe vise à équilibrer les projets traditionnels dans le pétrole et le gaz avec des initiatives renouvelables, dans la limite des restrictions budgétaires.
Les priorités stratégiques incluent notamment le développement de projets gaziers, perçus comme moins carbonés que le pétrole, ainsi que des initiatives ciblées dans le solaire et l’éolien. Cependant, la question de savoir si ces efforts seront suffisants pour réconcilier rentabilité financière et responsabilité climatique reste ouverte.
À l’horizon 2025, TotalEnergies devra naviguer dans un environnement volatil, marqué par des enjeux géopolitiques, des prix fluctuants et des pressions accrues pour accélérer la transition énergétique. Le maintien de ces investissements stratégiques dans des secteurs clés pourrait devenir le levier essentiel pour préserver sa position dominante, tout en répondant aux attentes des parties prenantes.