C’est une préoccupation persistante parmi les artistes de l’industrie musicale : obtenir une distribution plus juste et équitable des droits d’auteur. Le 15 janvier dernier, la plateforme de streaming audio Deezer, en collaboration avec la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), a dévoilé un nouveau modèle de rémunération qui met les artistes au cœur de sa stratégie, s’éloignant ainsi du système traditionnel centré sur le marché, connu sous le terme « market centric ».
Dans le cadre de ce système classique, les droits d’auteur sont calculés en fonction du nombre total d’écoutes, favorisant inévitablement les artistes les plus populaires. Prenons l’exemple d’un mélomane passionné par le jazz et l’opéra, qui dépense près de 12 euros par mois pour écouter sa musique préférée. Ce dernier soutient, sans en avoir vraiment conscience, les artistes les plus écoutés, souvent de grands noms du rap. Cette logique en place depuis la révolution des plateformes de streaming a des conséquences désastreuses pour les artistes moins médiatisés ou pour les genres musicaux moins présents dans les playlists populaires.
Alexis Lanternier, le directeur général de Deezer, a déclaré que ce nouveau modèle vise à garantir qu’une part plus significative des sommes versées par les abonnés soit réinvestie en faveur des artistes que les utilisateurs écoutent réellement, tout en permettant de lutter contre la fraude. De son côté, Cécile Rap-Veber, directrice générale de la Sacem, a souligné que cette initiative sert à valoriser « la vraie musique, en tenant compte de la diversité des esthétiques et des genres appréciés sur la plateforme ».
Un soutien accru pour les artistes émergents
Ce modèle introduit une rémunération supplémentaire pour les artistes, puisque les morceaux ayant franchi le cap des 1 000 streams, provenant d’au moins 500 abonnés distincts, bénéficieront d’une rémunération doublée par écoute. Cela signifie qu’une très grande majorité des artistes de la Sacem seront mieux rémunérés. En d’autres termes, ce système met les petits artistes sur un pied d’égalité avec leurs homologues plus connus et leur permet de profiter réellement du soutien de leurs auditeurs.
Une lutte contre les contenus indésirables
En parallèle, Deezer et la Sacem prennent également des mesures pour s’attaquer à une problématique croissante : les contenus indésirables tels que les « vrais faux » morceaux de musique. Ces enregistrements de bruit blanc, comme le son du vent ou le ronronnement d’un aspirateur, qui sont parfois utilisés pour apaiser des bébés, se retrouvent souvent inexpliquement dans le partage des droits. Cette situation pose la question de la valeur des droits d’auteur versés à de tels contenus, des éléments que la plateforme s’efforce d’éliminer progressivement de son catalogue.
Un changement de paradigme pour l’industrie
Ce nouveau modèle de rémunération entre Deezer et la Sacem représente un changement profond dans la façon dont la musique est valorisée dans l’espace numérique. Il aligne plus étroitement les intérêts des artistes avec ceux des abonnés, profitant d’une relation directe et mutuellement bénéfique. Les artistes verront l’impact positif sur leur rémunération, tandis que les lecteurs découvriront une diversité musicale enrichie, reflétant leurs goûts personnels et leurs préférences.
Vers une valorisation de la musicalité
En résumé, les changements instaurés par Deezer et la Sacem pourraient être le début d’une nouvelle ère dans l’industrie musicale, où chaque artiste, peu importe son genre ou son niveau de popularité, a la possibilité d’être rémunéré en fonction de sa musique et de sa fanbase. Ce nouveau paradigme pourrait également promouvoir une découverte musicale plus variée pour les utilisateurs, en leur permettant d’explorer un éventail d’artistes qui méritent d’être entendus.
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