Le 13 février 2024, à la station de ski de Métabief, située dans le Jura, un bouleversement inattendu vient perturber la saison hivernale. Aimé Sandona, un commerçant de 71 ans exploitant le magasin de sport à Piquemiette, ne cache pas ses larmes face à la suspension de l’exploitation des pistes, une nouvelle qui a surpris l’ensemble des professionnels de la région. Cette décision, prise par le Syndicat mixte du Mont-d’Or et le conseil départemental du Doubs, entraîne la fermeture de 30 % des installations, laissant planer des inquiétudes quant à l’avenir de la station.
La décision de suspendre l’exploitation des pistes a été annoncée à seulement trois mois de l’ouverture de la saison. Les skieurs et les commerçants de Piquemiette, une des trois zones principales du domaine skiable du massif du Jura, s’interrogent sur l’avenir de leur activité. Aimé Sandona, qui a pris la direction du magasin créé par ses parents en 1969, se sent particulièrement désemparé par cette nouvelle. « Au-delà de l’impasse économique, tout cela est sentimental, c’est ma raison de vivre entière qui est détruite », confie-t-il. Les habitués de la station ne comprennent pas comment, malgré la prise de conscience générale sur le réchauffement climatique, une décision d’une telle ampleur ait pu être prise si brutalement.
Une décision inattendue face aux enjeux climatiques
Le compte à rebours engagé depuis l’annonce a suscité de vives réactions. Ce qui a stupéfié la plupart des acteurs de la montagne, c’est l’ampleur de la fermeture : la totalité des cinq télésièges et téléskis de Piquemiette fermeront leurs portes. Les investissements récemment réalisés dans les installations, comme le renouvellement des canons à neige il y a six ans, avaient laissé penser à une certaine pérennité. Les professionnels n’avaient pas anticipé une telle mesure, plutôt envisageable à l’horizon 2030 ou 2035 selon les études sur l’évolution de l’enneigement.
Conséquences économiques et sociales
Les conséquences de cette annonce sur le plan économique sont majeures. Un couple de jeunes entrepreneurs qui avait repris le restaurant Franckie et Jérôme Tyrode, propriétaire du Chalet des pisteurs, se retrouvent aujourd’hui désabusés. Jérôme a récemment investi dans sa terrasse et une motoneige, tandis que M. Sandona a pris le risque de commander 25 000 euros de matériel pour la saison. Le sentiment d’impuissance face à cette situation désastreuse est palpable, des entrepreneurs redoutant la vente de leur matériel à perte. Ce contexte pose la question de la viabilité des activités après une saison suspendue.
Un manque de transparence dénoncé
Une autre inquiétude majeure réside dans le manque de communication autour de cette décision. Philippe Alpy, président du SMMO, justifie le choix par un audit confidentiel, auquel les acteurs économiques n’ont pas eu accès, créant ainsi un climat de méfiance. Ce « manque de transparence » a été dénoncé par les commerçants de la station, qui éprouvent un besoin urgent d’éclaircissements. La situation pourrait cependant évoluer, car des réunions concernant la communication des audits devraient se tenir dans la semaine à venir.
Alors que la saison hivernale approche, la station de Métabief doit faire face à des défis inédits, révélant les dangers d’une dépendance à un modèle de tourisme de montagne face aux réalités climatiques. Les acteurs de la montagne espèrent une sortie de crise rapide, et le retour à une exploitation pérenne des pistes, pour préserver l’âme de cette station qui a vu grandir toute une génération.
Mots-clés: Métabief, station de ski, Piquemiette, réchauffement climatique, économie de montagne, transparence