Candy Jacob a partagé, sur le réseau social X, une image d’une époque révolue : une mère avec trois enfants blonds, entourée par un homme portant un crucifix en arrière-plan. Le message qu’elle diffuse suggère que la solution pour contrer la « dégénérescence de l’époque moderne » est de se marier, d’avoir de nombreux enfants et de retrouver la foi en Dieu. Avec ses 14 000 abonnés sur TikTok, elle affiche son attachement à la tradition en se tenant aux côtés de son petit ami lors d’une manifestation politique à Erfurt (Est), avec pour titre « La résistance nous lie. »
Candy Jacob est une figure de proue de la section Thuringe de Junge Alternative, une organisation de jeunesse affiliée au parti AfD (Alternative pour l’Allemagne), cataloguée d’extrême droite par les services de renseignement. Ce mouvement représente l’un des soutiens les plus fermes du candidat de droite ultraradicale Björn Höcke à la présidence de la région Thuringe, dont les élections se tiendront le 1er septembre. L’AfD, créditée de plus de 30% des votes, prône notamment une augmentation de la natalité au sein de la population autochtone pour contrer l’immigration, ainsi que le retour à un système de garde individualisée pour les enfants de moins de 3 ans.
L’extrême droite allemande s’inscrit dans un paradoxe en promouvant une image de la femme similaire à celle des années 1950 en Allemagne de l’Ouest, tout en étant solidement ancrée dans l’est du pays où elle exploite les frustrations issues de la réunification. En effet, en République démocratique allemande, les femmes étaient encouragées à poursuivre des études, à travailler dans des secteurs traditionnellement masculins et à confier leurs enfants à des crèches dès l’âge de 3 mois.
Bien que ce modèle était propagé par une dictature à des fins économiques, les représentations des femmes de l’ex-RDA demeurent marquées par des images d’indépendance et d’émancipation. Aujourd’hui, les écarts de salaires entre les femmes et les hommes sont encore plus faibles dans les régions de l’Est que dans l’Ouest de l’Allemagne. Le mouvement anti-féministe au sein de la jeunesse de l’AfD ne fait pas l’unanimité au sein du parti, dirigé par une femme lesbienne, Alice Weidel. Une députée AfD au Bundestag pour la Saxe, Barbara Benkstein, s’insurge : « A l’Est, les femmes étaient aussi conductrices de tractopelles et de grues ! Pourquoi devraient-elles subitement vouloir rester au foyer ? »