C’est une nouvelle sombre pour la zone euro, qui est entrée en contraction économique au troisième trimestre. Selon une première estimation de l’institut statistique Eurostat, le produit intérieur brut (PIB) des vingt pays de la monnaie unique a reculé de 0,1 %. Cette baisse contraste fortement avec la croissance de 1,2 % enregistrée aux États-Unis sur la même période. François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques, déplore cette situation en déclarant que « ça devient presque une loi universelle à chaque crise : la zone euro perd quelques points de croissance de manière permanente face aux États-Unis ».
Ce décrochage économique de la zone euro par rapport aux États-Unis s’accentue depuis quinze ans. Que ce soit lors de la crise de la zone euro, la pandémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine, l’Europe semble perdre du terrain face à son rival américain. Depuis 2007, la croissance par habitant aux États-Unis a été de 19,2 %, tandis qu’elle n’a atteint que 7,6 % en zone euro. Cela représente un écart d’environ douze points. Avant la pandémie, cet écart était déjà de dix points, et il s’est de nouveau creusé au cours des dix-huit derniers mois.
Les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) indiquent que la croissance en zone euro devrait atteindre 0,7 % sur l’ensemble de l’année 2023, contre 2,1 % aux États-Unis. L’Allemagne, en particulier, souffre de cette situation avec une légère récession attendue à -0,5 %, tandis que la France devrait enregistrer une croissance de 1 %. On constate donc un véritable fossé entre les deux côtés de l’Atlantique, et cela se ressent également sur les niveaux de vie et les prix.
En effet, pour les Européens, des villes comme New York ou San Francisco sont devenues extrêmement chères, tandis que les visiteurs américains en Europe sont surpris par les prix bas. Le revenu moyen des Américains dépasse de plus de 20 % celui des habitants de la zone euro, et le niveau de vie des cadres est bien plus élevé outre-Atlantique. Les touristes américains sont donc recherchés en raison de leur pouvoir d’achat élevé. De plus, la retraite moyenne est plus élevée aux États-Unis que dans de nombreux pays européens, notamment grâce à l’épargne retraite.
Selon M. Geerolf, la principale explication de ce différentiel de croissance réside dans la politique budgétaire. Pendant la pandémie, le gouvernement américain a soutenu les ménages de manière historique en multipliant les chèques. Les ménages ont ainsi pu épargner une partie de cet argent, créant une épargne exceptionnelle qu’ils n’ont pas encore totalement dépensée. Cela explique en partie la croissance actuelle aux États-Unis, où plus de la moitié de celle-ci provient de la consommation. En revanche, bien que le soutien européen ait également été généreux pendant la pandémie, il n’a pas atteint le même niveau. Les déficits budgétaires américains en 2020 et 2021 étaient deux fois supérieurs à ceux de la zone euro, respectivement à 14 % et 11,6 % du PIB, contre 7,1 % et 5,3 %.
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