Après plusieurs mois marqués par une hausse persistante des prix, l’inflation en Europe amorce enfin un léger repli. Ce mouvement, bien que modeste, suscite de nouvelles interrogations sur l’évolution économique de la zone euro et les marges de manœuvre de la Banque centrale européenne (BCE). Dans un contexte encore fragile, cette accalmie pourrait signaler une lueur d’espoir pour les consommateurs et les décideurs politiques. Cependant, les écarts entre les pays et les pressions inflationnistes résiduelles dans certains secteurs obligent à une analyse nuancée. Plongeons dans les détails de ce changement et ses implications pour l’économie européenne.
L’inflation en zone euro recule légèrement en février 2025
En février 2025, l’inflation dans la zone euro a montré des signes d’apaisement après quatre mois consécutifs de hausse. Selon les données d’Eurostat publiées lundi, la hausse des prix à la consommation s’est établie à 2,4 % sur un an, contre 2,5 % en janvier. Cette légère baisse, bien que modeste, reflète principalement le repli des prix de l’énergie, qui avaient auparavant alimenté une forte poussée inflationniste.
Cette tendance descendante marque un contraste frappant avec les pics observés en 2022, lorsque l’inflation avait atteint un record de 10,6 %, un sommet en grande partie attribué à la flambée des prix de l’énergie dans le contexte du conflit en Ukraine. Depuis, les mesures monétaires prises par la Banque centrale européenne (BCE) semblent avoir contribué à contenir la pression inflationniste.
Alors que les analystes de Factset anticipaient un recul légèrement plus marqué à 2,3 %, cette correction demeure une avancée notable pour les décideurs économiques. Toutefois, malgré ce ralentissement, l’inflation reste au-dessus de la cible de 2 % fixée par la BCE, soulignant que les défis économiques persistent au sein des 20 pays partageant la monnaie unique.
L’inflation sous-jacente, un signal crucial pour la BCE
Au-delà des fluctuations globales, l’inflation sous-jacente – un indicateur clé qui exclut les prix volatils de l’énergie et de l’alimentation – a également connu une légère amélioration en février 2025. Elle s’est établie à 2,6 % sur un an, contre 2,7 % au cours des mois précédents. Ce chiffre, conforme aux attentes des analystes, est particulièrement scruté par la BCE pour orienter ses décisions de politique monétaire.
Après une période de stagnation entre septembre 2024 et janvier 2025, cette baisse de l’inflation sous-jacente pourrait signaler le début d’une tendance descendante plus durable. Pour Jack Allen-Reynolds, économiste chez Capital Economics, « cette baisse est un indicateur que le taux sous-jacent pourrait diminuer de manière significative cette année ». Ce scénario pourrait renforcer les perspectives d’une politique monétaire plus accommodante dans les mois à venir.
Cependant, cet indicateur reste encore élevé par rapport aux niveaux historiques. La BCE devra donc évaluer avec prudence si cette baisse s’inscrit dans une dynamique durable ou si elle n’est qu’une pause temporaire dans un environnement économique encore marqué par l’incertitude.
L’énergie se calme mais certains secteurs restent en tension
En février, le ralentissement des prix de l’énergie a été un facteur déterminant dans la diminution de l’inflation globale. Les tarifs énergétiques ont affiché une progression quasi-nulle de 0,2 % sur un an, contre 1,9 % en janvier, marquant ainsi une accalmie bienvenue après une période de volatilité. Cette détente reflète une stabilisation des marchés énergétiques internationaux et une meilleure gestion des approvisionnements au sein de l’Union européenne.
Malgré cela, certains secteurs continuent de subir des pressions inflationnistes. Par exemple, les prix alimentaires, y compris ceux de l’alcool et du tabac, ont accéléré leur croissance à 2,7 %, contre 2,3 % le mois précédent. Parallèlement, les tarifs des biens industriels ont légèrement augmenté de 0,6 %, une hausse modeste mais significative.
Le secteur des services, souvent considéré comme un indicateur de la demande intérieure, a vu son inflation ralentir à 3,7 % en février, contre 3,9 % en janvier. Bien que cette tendance soit encourageante, elle reste encore au-dessus des niveaux historiques, indiquant des tensions résiduelles dans l’économie européenne.
BCE : vers une potentielle baisse des taux pour relancer l’économie
Avec une inflation globale et sous-jacente en légère baisse, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait envisager un assouplissement de sa politique monétaire. Les experts anticipent désormais une possible réduction des taux d’intérêt dans les prochains mois, une mesure qui vise à stimuler l’activité économique tout en soutenant une reprise encore fragile.
Depuis 2022, la BCE a relevé ses taux à plusieurs reprises pour contenir une inflation galopante. Toutefois, les récents développements montrent que cette politique a commencé à porter ses fruits, ouvrant la voie à un éventuel ajustement. Jack Allen-Reynolds de Capital Economics souligne que « la baisse des services en février pourrait être le début d’une tendance plus large, incitant la BCE à agir plus vite qu’anticipé ».
Cependant, tout assouplissement devra être équilibré avec soin. Une réduction trop rapide des taux pourrait risquer de raviver les pressions inflationnistes, tandis qu’une approche trop prudente pourrait freiner la reprise économique, déjà fragilisée par des années de perturbations.
Inflation en Europe : des écarts marqués entre les pays
Si l’inflation globale en zone euro montre des signes de ralentissement, des disparités significatives subsistent entre les pays membres. En février, la France a enregistré le taux d’inflation le plus faible à 0,9 %, suivie de l’Irlande (1,3 %) et de la Finlande (1,5 %). Ces chiffres contrastent fortement avec ceux de l’Estonie (5 %), de la Croatie (4,7 %) et de la Belgique (4,4 %), où l’inflation demeure élevée.
Parmi les grandes économies de la zone euro, l’Italie (1,7 %) a fait légèrement mieux que l’Allemagne (2,8 %) et l’Espagne (2,9 %). Ces écarts reflètent des réalités économiques nationales variées, notamment en matière de dépendance énergétique, de politiques fiscales et de dynamique des marchés du travail.
Ces divergences posent un défi supplémentaire pour la BCE, dont les politiques doivent s’adapter à une zone euro économiquement hétérogène. Alors que certains pays pourraient bénéficier d’une réduction des taux d’intérêt, d’autres pourraient voir cette mesure compliquer leurs efforts pour stabiliser les prix.