Une étude de la Direction des études et statistiques du ministère du travail (Dares) révèle que malgré un an et demi d’inflation, les salaires peinent à suivre la hausse des prix, bien que l’écart entre les deux tende à se réduire. Au premier trimestre, le salaire mensuel de base de l’ensemble des travailleurs français a augmenté de 1,9%, soit une hausse de 4,7% sur un an. Pour ce qui est des ouvriers et des employés, le salaire horaire de base a également progressé de 1,9% au premier trimestre, mais avec une augmentation de 5,2% sur un an.
Ces chiffres doivent être mis en perspective avec l’inflation. En effet, les prix à la consommation (pour l’ensemble des ménages, hors tabac) ont augmenté de 5,7% entre mars 2022 et mars 2023. En termes réels, le salaire horaire de base des ouvriers et des employés a donc diminué de 0,5% sur un an, et le salaire mensuel de base de l’ensemble des Français a connu une baisse de 1%.
On constate que les salaires les plus bas ont connu une croissance plus importante que les autres, en raison de la revalorisation automatique du SMIC, seul salaire indexé sur l’indice des prix à la consommation. En temps normal, le SMIC est révisé une seule fois par an, le 1er janvier. Cependant, depuis octobre 2021, il a connu six révisions, dont quatre en un an. Malgré cela, il est encore trop tôt pour juger de l’évolution de fond, mais il semble qu’il n’y ait pas eu en France, pour le moment, de boucle inflationniste prix-salaires telle qu’elle a pu se produire dans les années 70.
Héloïse Petit, économiste au centre d’études de l’emploi et du travail au sein du Conservatoire national des arts et métiers, souligne que la hausse de 11% des salaires obtenue fin avril par les fonctionnaires allemands, après leur menace de grève illimitée, a suscité des inquiétudes quant à une flambée des salaires en Europe. En effet, lors de sa conférence de presse du jeudi 15 juin, la Banque centrale européenne a qualifié cette situation de « source de plus en plus importante d’inflation ».
Cependant, les chiffres de la Dares montrent que les hausses salariales sont restées modérées en France en ce début d’année 2023. Avec la décélération attendue de l’inflation dans les prochains mois, on peut s’attendre à ce que les salaires se rapprochent du niveau de l’inflation, voire le dépassent temporairement en raison du décalage induit par le temps nécessaire à la négociation. Toutefois, il ne faut pas oublier le retard cumulé des salaires par rapport aux prix depuis un an et demi.
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