mardi 22 octobre 2024
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Industrie du jeu vidéo en chute libre : bientôt la fin ?

Les temps sont décidément difficiles pour l’industrie du jeu vidéo. À l’approche de la Paris Games Week, qui débute le 23 octobre 2024, des nouvelles alarmantes continuent de frapper ce secteur dynamique. Dernière en date, la décision du géant français Don’t Nod d’effectuer une réduction drastique de son personnel, révélée le 16 octobre. Face à des performances commerciales décevantes, son PDG, Oskar Guilbert, a indiqué qu’une réorganisation était nécessaire pour le maintien de la compétitivité dans un environnement de plus en plus compétitif.

Cette annonce a des répercussions considérables. En effet, jusqu’à 69 emplois sont menacés chez Don’t Nod, qui emploie moins de 340 personnes au total. Ce coup dur s’ajoute à une tendance inquiétante dans le domaine des jeux vidéo, où l’on prévoit que près de 13 000 emplois pourraient disparaître à l’échelle mondiale en 2024, un chiffre qui dépasserait les 10 500 pertes de l’année précédente et les 8 500 en 2022. Les réductions de personnel touchent également le japonais Bandai Namco, dont un plan de départs secs pourrait impacter entre 100 et 200 employés.

Un secteur en crise : une perspective globale

La situation actuelle est alarmante pour tous les acteurs du secteur, qu’ils soient de grands employeurs comme Unity, qui a annoncé la suppression de 1 800 postes, ou plus modestes et parfois mis sous pression, au point que des experts parlent d’« Indiepocalypse ». Cette situation a engendré une fermeture massive de petits studios indépendants, entraînant des conséquences désastreuses pour l’écosystème, déclare Charles-Louis Planade, directeur des opérations internationales chez TP ICAP Midcap. Ce climat de « bain de sang » dans l’industrie illustre bien la réalité du marché.

Un retournement après un essor

Cette crise prend racine dans la dynamique cyclique de l’industrie du jeu vidéo, qui a connu un essor pendant la pandémie, lorsque le besoin de divertissement était à son comble. Tous les acteurs, grands et petits, ont alors cherché à en profiter, augmentant leurs productions pour capter une part de ce marché en plein essor. Cependant, cette saturation a généré une suroffre qui a rapidement pesé sur toute la compétition.

Stratégies de consolidation et risques associés

Face à cette situation, les sociétés qui gèrent les franchises populaires, telles que Assassin’s Creed et Call of Duty, choisissent de se concentrer sur leurs titres emblématiques, ceux qui promettent les meilleurs retours sur investissement. Toutefois, cette stratégie comporte des risques : un lancement raté d’un nouveau jeu peut avoir des conséquences désastreuses pour l’entreprise. Par exemple, Ubisoft a récemment vu sa valeur boursière affectée par les ventes décevantes de son dernier jeu, Star Wars Outlaw. Pour remédier à cette crise, l’entreprise a décidé de repousser la sortie de son prochain gros titre, le dernier opus d’Assassin’s Creed, afin d’améliorer sa qualité. Ce jeu ne sortira finalement qu’en février 2025, bien après la période lucrative des fêtes de fin d’année. Un nouvel échec pourrait enfoncer la société encore plus profondément dans la tourmente.

En somme, l’industrie du jeu vidéo fait face à une série de défis tant économiques qu’opérationnels, exacerbés par la saturation du marché et les attentes élevées des consommateurs. L’avenir proche pourrait voir des transformations profondes dans les stratégies des développeurs et des éditeurs, avec une prime accordée à la rentabilité et à la qualité des productions. Dans ce contexte, la préservation des talents et des emplois demeure une problématique centrale.

Mots-clés: jeux vidéo, crise, Don’t Nod, Ubisoft, Paris Games Week, emploi, restructuration

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