Rassemblement des aides à domicile en grève à Tours (Indre-et-Loire), le 5 janvier 2021. LOIC VENANCE / AFP
Les aides à domicile, souvent en première ligne auprès des personnes fragiles, luttent pour faire entendre leurs revendications. En fin d’année 2020, quatre salariées de l’association Aide à domicile en milieu rural du Loir-et-Cher ont entrepris un combat pour leurs droits. En participant à une grève qui s’est prolongée sur trois mois, elles ont exposé leurs conditions de travail précaires et la faible rémunération, qui se situe au niveau du SMIC, souvent à temps partiel, voire partiel.
Leurs préoccupations vont au-delà des simples salaires. Ces professionnelles évoquent un phénomène préoccupant qu’elles qualifient de « glissement de tâches ». Classées dans la catégorie A, selon la convention collective, leur rôle se limite théoriquement à des missions d’entretien basiques du domicile. Selon les textes, elles ne devraient pas intervenir régulièrement auprès de personnes en situation de dépendance ou de groupes en difficulté. Pourtant, elles admettent qu’elles réalisent fréquemment des tâches d’assistance plus techniques et risquées, telles que l’aide aux toilettes ou les transferts entre le lit et le fauteuil, des actes réservés aux auxiliaires de vie, qui sont mieux rémunérées et disposent de formations spécifiques.
Quatre de ces aides à domicile ont décidé de porter leur plainte devant le tribunal des prud’hommes de Blois en 2021 afin de faire reconnaître leurs droits et les réalités de leur travail. Leur détermination a porté ses fruits, puisqu’elles ont triomphé en première instance, puis en appel. Le 19 décembre dernier, la chambre sociale de la cour d’appel d’Orléans a confirmé cette victoire, un résultat qui révèle des injustices sur le terrain.
Les enjeux d’une lutte nécessaire
Le travail des aides à domicile est souvent sous-estimé, alors qu’il est essentiel dans notre société. En effet, ces professionnelles sont souvent confrontées à des situations délicates où leur rôle est crucial. « Nous faisons face à des réalités qui dépassent nos prérogatives »
, déplorent-elles. Cette situation met en lumière un besoin urgent de revaloriser ces métiers et de revoir les classifications dans les conventions collectives.
Un parallèle peut être établi avec d’autres professions du secteur du soin, où les personnes diplômées et formées sont mieux reconnues sur le plan salarial. Ce constat soulève des questions quant à l’équité dans le traitement des travailleurs dans le domaine de l’aide à domicile.
Une mobilisation qui inspirera d’autres
Cette démarche des aides à domicile de Loir-et-Cher pourrait inspirer d’autres salariés confrontés à des situations similaires. Leur exemple témoigne que la voix des travailleurs peut faire une différence, que ce soit par les grèves ou la voie judiciaire. C’est un signal fort pour toutes celles et ceux qui se battent pour leurs droits au sein de la même profession.
Cette victoire judiciaire ne devrait pas seulement être un motif de célébration, mais également un appel à l’action pour les structures employeurs afin qu’elles prennent conscience des véritables enjeux en lien avec les ressources humaines dans le secteur.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
À l’issue de cette affaire, des questions persistaient quant aux modifications à apporter aux conventions collectives en vigueur. L’évolution des missions des aides à domicile nécessite une actualisation des grilles de classification et une revalorisation des salaires pour véritablement reconnaître la complexité de leur travail.
Le paysage de l’aide à domicile doit évoluer avec les réalités du terrain. En agissant maintenant pour instaurer des changements concrets, on pourrait envisager un avenir où ces métiers bénéficieront de la reconnaissance qu’ils méritent.
Mots-clés: aides à domicile, grève, droits des travailleurs, convention collective, justice sociale