Depuis le début du mois de mai, EDF a mis en fonctionnement le réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville, entraînant l’enregistrement de près de 50 « événements significatifs de sûreté ». Ces anomalies, qui n’ont eu aucune incidence sur la santé des individus ou l’environnement, ont été rapportées le 28 janvier par l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). L’organisme de régulation a expliqué qu’au 31 décembre 2024, 49 incidents avaient été recensés, dont 34 de niveau 0 et 15 de niveau 1 sur l’échelle INES, qui évalue les événements nucléaires selon leur gravité.
Cette communication est intervenue lors des vœux à la presse de la nouvelle instance de régulation, issue de la fusion entre l’ASN et l’IRSN. À cette occasion, Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASNR, a tenu à relativiser la situation en affirmant que « ces événements ne sont pas préoccupants du point de vue de la sûreté ». Il a ajouté que, « c’est un réacteur en phase de démarrage et il est logique de s’attendre à un plus grand nombre d’événements significatifs que pour des réacteurs ayant une exploitation plus longue ».
Événements signalés : Nature et origine
La majorité des incidents rapportés par EDF sont liés à des facteurs humains, ainsi qu’à des défis rencontrés lors de la coordination des équipes chargées des essais. Julien Collet a précisé que ces événements résultent en partie de « la montée en compétences des équipes » qui doivent s’adapter à cette nouvelle installation. La transition entre la phase de chantier et celle d’exploitation peut également être à l’origine de certaines des complications rencontrées.
Olivier Dubois, commissaire de l’ASNR, a affirmé que ces événements « n’ont pas eu de conséquences sur les installations, ni sur les personnes ou l’environnement ». Cependant, il a mentionné qu’il est crucial de rester attentif à l’évolution du nombre d’incidents, en soulignant que le soutien accru apporté aux équipes locales par EDF et les mesures mises en place sont jugés pertinents.
Comparaison avec d’autres réacteurs
Lors d’une observation historique, Christophe Quintin, inspecteur en chef de l’ASNR, a noté que lors de la mise en service des réacteurs à Civaux entre 1997 et 1999, beaucoup d’événements significatifs avaient également été signalés, bien que leur nombre soit inférieur à ceux enregistrés à Flamanville. Il a ajouté que « la machine était plus simple » à l’époque, et souligné que « le niveau de sûreté des équipes était inférieur à celui qu’on a sur l’EPR ». Cette comparaison met en lumière les progrès réalisés en matière de sécurité dans le secteur nucléaire français.
Les prochaines étapes pour l’EPR de Flamanville
Le réacteur, surnommé « Flamanville 3 », constitue le plus puissant du pays, avec une capacité de 1 600 MW. Il a été connecté au réseau électrique le 21 décembre dernier. Actuellement, EDF a transmis à l’ASNR la documentation nécessaire pour obtenir l’autorisation de poursuivre sa montée en puissance au-delà de 25 %. Selon Julien Collet, l’autorité devrait « prendre position prochainement » sur cette demande, une décision qui pourrait survenir dans un délai d’environ « une semaine ».
En somme, bien que le réacteur EPR de Flamanville ait fait l’objet d’une série d’incidents notables, il est crucial de noter que ceux-ci n’ont pas entraîné de répercussions négatives sur la sécurité. La transition vers une phase d’exploitation complète se fait progressivement, toujours avec un regard vigilant sur la montée en compétences des équipes et sur la gestion des événements significatifs. Les prochaines semaines seront décisives pour la validation de la montée en puissance du réacteur, qui pourrait renforcer la position de la France en matière d’énergie nucléaire.
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