jeudi 5 juin 2025

Les commerces réclament le blocage de Shein et Temu

Dans un contexte marqué par une concurrence accrue et des pratiques commerciales controversées, les fédérations du commerce en France montent au créneau pour dénoncer les géants asiatiques de l’e-commerce tels que Shein et Temu. Ces plateformes, accusées de contourner les règles en vigueur, suscitent une levée de boucliers de la part des acteurs traditionnels du commerce. En demandant leur déréférencement, les fédérations appellent à une prise de conscience collective et à une action ferme de la part du gouvernement. Cet article explore les revendications, les enjeux économiques et sociaux, ainsi que les solutions proposées pour restaurer une concurrence équitable.

Les fédérations du commerce en croisade contre les géants de l’e-commerce

Les fédérations du commerce en France ont récemment intensifié leur combat contre les géants de l’e-commerce, notamment Shein, Temu et AliExpress. Ces plateformes, souvent associées à l’ultra fast fashion, sont dans la ligne de mire des acteurs du commerce traditionnel. À travers une lettre ouverte adressée au gouvernement, le Conseil du Commerce de France (CDCF) et la Confédération des Commerces de France (CCF) réclament des mesures fermes, dont le déréférencement immédiat de ces sites.

Le mécontentement s’explique par des pratiques jugées inéquitables. Ces plateformes bénéficient, selon les fédérations, d’un traitement préférentiel en contournant les règles établies. Alors que les commerçants français sont soumis à des normes strictes, ces géants asiatiques échapperaient à de nombreuses obligations légales et fiscales. Ils s’affranchissent notamment de la TVA, des droits de douane et des périodes réglementaires de soldes.

Cette situation, dénoncée comme injuste, affecte directement les acteurs économiques locaux. Près de 80 % du secteur commercial français, représenté par 14 fédérations et plus de 230 enseignes, soutient cette démarche. Leurs revendications mettent en lumière une demande pressante : rétablir une concurrence équitable en appliquant les mêmes règles à tous les acteurs du marché. Un appel à l’action est lancé au gouvernement pour protéger non seulement les commerçants, mais également les consommateurs, face à une concurrence jugée déloyale et dangereuse.

Produits dangereux et hors normes : le scandale des plateformes chinoises

Les enquêtes européennes révèlent un chiffre alarmant : 85 à 95 % des produits proposés sur des sites comme Temu, Shein et AliExpress ne respectent pas les normes en vigueur dans l’Union européenne (UE). Parmi ces produits, 66 % sont considérés comme présentant des risques pour la sécurité des consommateurs. Ces statistiques, mises en avant par les fédérations du commerce, illustrent un problème systémique majeur lié à ces plateformes.

Ces produits non conformes échappent à des contrôles rigoureux, ce qui aurait des répercussions graves, allant de la mise en danger des consommateurs à la dégradation de la confiance envers le commerce en ligne. Les règles européennes sur la conformité des produits visent à protéger les utilisateurs finaux, mais elles semblent inefficaces face à l’ampleur des infractions constatées sur ces marketplaces asiatiques.

Les fédérations dénoncent également une injustice commerciale. Un commerçant local, qui proposerait une telle proportion de produits non conformes, serait immédiatement sanctionné, voire fermé. Pourtant, les plateformes internationales semblent bénéficier d’une tolérance inadmissible. Elles exploitent des failles réglementaires pour inonder le marché de produits à bas coût, souvent au mépris de la sécurité et de la légalité. Cette situation scandaleuse souligne la nécessité d’une action coordonnée entre les États membres de l’UE et les autorités nationales, comme la DGCCRF en France.

Répression des fraudes : des leviers légaux sous-exploités

Malgré l’ampleur des infractions constatées, les leviers légaux existants pour sanctionner ces plateformes semblent sous-utilisés. En France, le Code de la consommation offre pourtant des outils puissants à la Répression des fraudes (DGCCRF). Celle-ci peut ordonner le déréférencement, la suspension ou même le blocage des sites qui enfreignent gravement et de manière répétée les règles. Cependant, ces mesures restent rarement appliquées à l’encontre des géants de l’e-commerce.

Les fédérations du commerce soulignent cette inaction comme un frein à la justice commerciale. Elles rappellent que les autorités disposent déjà des moyens législatifs nécessaires pour agir rapidement et efficacement. Selon elles, le manque de réactivité face à ces infractions massives contribue à perpétuer une situation de déséquilibre concurrentiel au détriment des commerçants respectant les lois.

Cette sous-exploitation des outils juridiques disponibles est perçue comme un manquement grave. Elle ne fait qu’aggraver la situation économique fragile des entreprises locales, déjà confrontées à des marges réduites et une compétition féroce. Les fédérations appellent donc à une mobilisation immédiate des pouvoirs publics, pour restaurer un cadre de concurrence équitable et redonner confiance aux acteurs économiques français.

Géants asiatiques : quand la concurrence devient un fardeau

Les géants asiatiques de l’e-commerce, avec leurs prix imbattables et leur capacité à contourner les réglementations locales, représentent un fardeau croissant pour les commerçants traditionnels. Ces plateformes exploitent des modèles économiques qui, bien que profitables à court terme pour les consommateurs, ont des conséquences néfastes pour l’écosystème commercial local.

Les fédérations du commerce dénoncent une forme de dumping économique, où les coûts réduits des produits sont souvent obtenus au détriment des normes de qualité, de sécurité et d’éthique. En plus de leur impact sur les entreprises locales, ces pratiques contribuent à l’érosion de l’emploi dans le secteur du commerce, en particulier parmi les petites et moyennes entreprises (PME).

En outre, les géants asiatiques s’appuient sur des campagnes marketing agressives et des stratégies de distribution ultra-rapides pour captiver les consommateurs. Ces pratiques rendent difficile, voire impossible, la concurrence pour les commerçants français qui s’efforcent de respecter les réglementations nationales et européennes. Le déséquilibre concurrentiel devient alors insoutenable, menaçant non seulement la viabilité des entreprises locales, mais aussi le tissu économique et social du pays.

Commerce équitable : un appel à rétablir l’équilibre

Face à ces défis, les fédérations appellent à un commerce équitable, où tous les acteurs respectent les mêmes règles. Cette demande repose sur un constat simple : les géants asiatiques bénéficient de failles réglementaires et fiscales qui leur permettent de dominer le marché, au détriment des commerçants locaux.

Les fédérations suggèrent plusieurs pistes pour rétablir cet équilibre. Parmi celles-ci, le renforcement des contrôles douaniers, une application stricte de la TVA et la mise en œuvre de sanctions dissuasives pour les contrevenants. En outre, elles plaident pour une sensibilisation accrue des consommateurs sur les impacts de leurs choix d’achat, afin d’encourager une consommation plus responsable et éthique.

Le commerce équitable ne doit pas seulement être une aspiration : il doit devenir une réalité concrète, soutenue par des politiques publiques efficaces et une volonté collective. Pour les fédérations, il est temps de redonner sa juste place au commerce local, tout en garantissant aux consommateurs des produits sûrs et conformes. Ce combat pour l’équité, loin d’être un simple enjeu économique, est également une question de justice sociale et de protection des droits des citoyens.

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