samedi 23 novembre 2024
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Elon Musk, le milliardaire excentrique aux promesses folles

Elon Musk, le 16 juin 2023, était à Paris. GONZALO FUENTES / REUTERS

À cette époque, il n’y avait pas eu de véritable contestation alors que Tesla était au bord de la faillite. En 2018, son dirigeant Elon Musk ne s’était pas vu octroyer de salaire mais un programme d’actions conditionné par le cours de l’action en Bourse, devant être versé une fois les objectifs atteints.

Initialement valorisé à 2,3 milliards de dollars (2,14 milliards d’euros), le plan de rémunération a finalement rapporté plus de 50 milliards de dollars à Elon Musk – une valeur pour l’instant théorique car les droits à l’achat des actions n’ont pas été exercés. Un package si extravagant qu’un actionnaire a intenté un procès et a obtenu gain de cause en janvier, devant les tribunaux du Delaware où Tesla est enregistrée : le transfert des milliards a été annulé.

Le jeudi 13 juin, les actionnaires de Tesla sont invités à se prononcer sur la restauration de ce plan de rémunération. Cette affaire suscite une vive opposition entre les investisseurs. ISS et Glass Lewis, les deux principaux conseillers en gouvernance d’entreprise, ont recommandé aux actionnaires de rejeter ce plan. Le fonds souverain norvégien compte voter contre, comme il l’avait fait en 2022, tout comme le fonds de pension des fonctionnaires de Californie, Calpers.

Certains y sont fortement favorables, comme le Scottish Mortgage Investment Trust, actionnaire de longue date de Tesla, qui refuse de renier son approbation de 2018, ou encore l’investisseuse Cathie Wood, fondatrice d’ARK et ardente partisane d’Elon Musk. Les arguments échangés sont souvent classiques, entre ceux qui jugent le package excessif a posteriori, et ceux qui se félicitent de l’extraordinaire enrichissement apporté par Elon Musk et mettent en garde contre une interprétation rétrospective du succès de Tesla.

Une analyse des plus percutantes émane de Bradford DeLong, professeur d’histoire économique à Berkeley, qui confronte Musk à ses propres actions en accusant sa rémunération d’avoir été préjudiciable à l’entreprise. À partir de 2018, souligne-t-il dans une tribune publiée le 11 juin par le New York Times, « ce salaire a contribué à le faire passer du statut de chef d’entreprise visionnaire à celui de bonimenteur bizarre ». M. DeLong estime qu’à partir de cette date, « Musk a trop promis, mais n’a plus performé » : des robots humanoides ! Des cybertrucks ! Des flottes de robots-taxis Tesla !

Toutes ces promesses ont fait grimper le cours de l’action en Bourse, mais n’ont jamais été concrétisées. En bref, du tapage pour de l’argent, non pour la performance. La plus grande calamité de cette flambée boursière a été de permettre le rachat de Twitter à un prix délirant, et de devenir l’écho des divagations d’Elon Musk.

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