samedi 22 mars 2025

Domo Chemicals : 155 suppressions de postes près de Lyon

La récente annonce de Domo Chemicals concernant la suppression de 155 postes sur son site de Belle-Étoile, près de Lyon, a provoqué une onde de choc dans le secteur industriel local. Cette décision, motivée par une combinaison de facteurs économiques et structurels, soulève de nombreuses interrogations. Entre la montée des coûts énergétiques, une surproduction mondiale et une baisse de la demande dans des secteurs clés, le groupe se trouve confronté à des défis majeurs. Cet article décrypte les raisons derrière cette restructuration controversée et explore les implications économiques, sociales et industrielles pour la région et ses habitants.

Les salariés de Polytechnyl en colère face aux suppressions d’emplois

La tension monte parmi les salariés de Polytechnyl, filiale du groupe belge Domo Chemicals. L’annonce de la suppression de 155 postes sur le site de Belle-Étoile, près de Lyon, a provoqué une onde de choc. David Haeusler, élu CFDT au CSE du site, décrit une atmosphère marquée par l’incompréhension et la colère croissante. « Tous les services risquent d’être touchés, maintenance, logistique… », déclare-t-il, soulignant l’ampleur des conséquences.

Les employés dénoncent une situation qu’ils jugent injuste, d’autant plus que ces suppressions d’emplois toucheraient tous les secteurs de l’entreprise. La méfiance vis-à-vis de la direction est palpable, et les syndicats se préparent à engager des discussions fermes pour défendre les travailleurs. Selon Haeusler, qui compte 36 ans d’ancienneté dans l’usine, la priorité est claire : sauver le plus grand nombre de postes pour éviter que des familles ne sombrent dans la précarité.

Face à cette crise sociale, le climat devient électrique. Les salariés, abasourdis par l’ampleur des suppressions prévues, se mobilisent pour protéger leur avenir. Cette situation met également en lumière les défis plus larges qui touchent le secteur industriel européen.

Un plan social dévastateur pour l’emploi local

Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) présenté par Domo Chemicals menace gravement l’économie locale. La fermeture de deux unités de production sur le site de Saint-Fons est un coup dur pour une région déjà fragilisée. Avec 155 suppressions de postes prévues, ce plan social pourrait affecter non seulement les employés directs, mais aussi tout un écosystème d’entreprises sous-traitantes et de fournisseurs locaux.

Cette décision pose des questions sur l’avenir des zones industrielles comme celle de la « vallée de la chimie » au sud de Lyon. La perte de ces emplois risque d’entraîner une spirale négative pour les commerces et les services environnants. Les élus locaux s’inquiètent de l’impact à long terme sur l’attractivité économique de la région.

Les syndicats dénoncent un manque de considération pour les salariés et l’économie locale. Ils appellent à des mesures alternatives pour limiter les dégâts. Le dialogue social, qui doit s’ouvrir le 28 mars, sera crucial pour tenter de sauver les emplois et préserver la vitalité économique de cette région industrielle.

La crise énergétique, un coup dur pour l’industrie chimique européenne

Les coûts énergétiques explosifs en Europe pèsent lourdement sur l’industrie chimique. Domo Chemicals explique que le prix du gaz en Europe est « 4 à 5 fois plus élevé qu’aux États-Unis », une différence qui rend la compétitivité des usines européennes de plus en plus difficile. Cette situation est exacerbée par le contexte géopolitique actuel et les tensions sur les marchés de l’énergie.

Pour Polytechnyl, cette flambée des coûts énergétiques se combine à une faiblesse de la demande dans des secteurs clés comme l’automobile et le bâtiment. Les entreprises clientes réduisent leurs commandes, ce qui aggrave les difficultés financières de la filiale. En conséquence, la rentabilité de ses unités de production en Europe est mise à mal.

Cette crise énergétique met en lumière les vulnérabilités structurelles de l’industrie chimique européenne, qui doit désormais jongler entre des coûts de production élevés et une concurrence internationale féroce. Le site de Belle-Étoile n’est qu’un exemple parmi d’autres des pressions qui pèsent sur ce secteur stratégique.

Surproduction mondiale : le marché du nylon en déséquilibre

La surproduction mondiale de nylon pèse lourdement sur les marges des fabricants comme Polytechnyl. Ces cinq dernières années, de nouvelles capacités de production ont vu le jour à travers le monde, créant une offre excédentaire. Cette situation tire les prix vers le bas et fragilise les acteurs historiques du marché.

À Belle-Étoile, les capacités de production sont désormais jugées « surdimensionnées » par le groupe Domo Chemicals. La concurrence internationale, notamment en provenance de l’Asie, contribue à déséquilibrer encore davantage le marché. Les marges des entreprises européennes, déjà affectées par les coûts énergétiques, s’effondrent face à cette pression sur les prix.

Pour les salariés de Polytechnyl, cette réalité économique se traduit par un avenir incertain. La surproduction mondiale met en évidence la nécessité de réajuster les capacités de production, mais ce rééquilibrage se fait au prix d’emplois locaux, ajoutant une dimension humaine et sociale à cette crise économique.

Dialogue social crucial pour limiter les dégâts

Le dialogue social s’annonce comme un élément clé pour réduire l’impact des suppressions d’emplois annoncées chez Polytechnyl. Les négociations entre la direction et les syndicats débuteront le 28 mars. Les représentants des salariés espèrent obtenir des concessions significatives pour protéger les travailleurs les plus vulnérables.

David Haeusler, élu CFDT, insiste sur l’importance de « faire bouger les lignes » pour sauver un maximum de postes. Les syndicats réclament des mesures comme des plans de reclassement, des formations professionnelles, ou encore des dispositifs de préretraite pour limiter les licenciements secs.

Pour Domo Chemicals, il s’agit également de préserver son image et d’éviter une crise sociale trop profonde. Le succès de ce dialogue dépendra de la volonté des deux parties à trouver des solutions équilibrées. Dans un contexte où l’économie locale est déjà fragilisée, un compromis pourrait permettre d’atténuer les impacts de cette restructuration sur les salariés et la région.

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