Avec une pression croissante sur le secteur agricole, des agriculteurs belges et français se sont unis au sein du syndicat Coordination rurale pour manifester contre l’accord de libre-échange prévu entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Ce mouvement a culminé le 5 décembre 2024 par le blocage de la frontière franco-belge entre Hensies (Hainaut) et Crespin (Nord). Alors que la signature de cet accord semble imminente, les agriculteurs sont déterminés à faire entendre leurs voix sur des questions cruciales visant à préserver leurs intérêts économiques.
La récente agitation des agriculteurs s’inscrit dans un contexte de tensions grandissantes autour de la signature imminente d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le bloc sud-américain du Mercosur, qui regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Ce 5 décembre, jour d’ouverture d’un sommet décisif à Montevideo, la capitale uruguayenne, les mobilisations agricoles étaient à leur comble. Des syndicats tels que la Confédération paysanne et la Coordination rurale ont articulé leurs revendications à travers des manifestations massives.
Des Slogans Évocateurs en Plein Cœur des Manifestations
Les agriculteurs étaient galvanisés par des slogans percutants tels que « Traders, tremblez, les paysans reprennent leur blé » et « des prix rémunérateurs plutôt que des traders », apposés sur des pancartes à Paris, où se tenait une réunion cruciale des acteurs européens du commerce des céréales. Une centaine de manifestants, munis de bottes de paille, se sont rassemblés devant le Grand Palais. L’impact visuel de ces bottes, symbolisant les fermiers peinant à joindre les deux bouts, fut renforcé par la présence de pancartes dénonçant des entreprises comme Syngenta et InVivo, deux géants de l’agro-industrie.
À travers ces actions, les agriculteurs ont cherché à mettre en lumière les enjeux liés à l’accord de libre-échange et la dérégulation des marchés agricoles. En brandissant des messages forts tels que « La bouffe à pas cher, c’est le·a paysan·ne qu’on enterre », ils ont réclamé une reconnaissance de la valeur nourricière de l’agriculture au regard de la souveraineté alimentaire, souvent compromise par les fluctuations du marché mondial.
Une Vision Critique des Échanges Commerciaux
La Confédération paysanne a, dans un communiqué, réaffirmé ses préoccupations face à un système économique qu’elle juge injuste. Un de ses porte-parole a déclaré : « Nous recentrons le débat sur la spéculation sur les marchés mondiaux qui mettent en concurrence les paysan·nes du monde entier »
. Les agriculteurs demandent aux décideurs politiques d’agir pour la pérennité de leur activité, avec une sortie des accords de libre-échange en priorité. Ces demandes incluent l’interdiction de l’achat de produits agricoles sous le prix de revient et l’établissement d’un prix minimum d’entrée pour les importations.
Les Actions Conjointes des Agriculteurs Belges et Français
De leur côté, la Coordination rurale et des agriculteurs belges ont décidé de se mobiliser ensemble. Dès le mercredi soir, ils ont effectué des contrôles routiers dans le Pas-de-Calais, les Ardennes et le Nord. Le lendemain, ils réussissaient à bloquer l’autoroute A2 reliant Lille à Bruxelles. Cette action visait à alerter sur les effets néfastes de la concurrence déloyale générée par les importations d’origine Mercosur, qui grèvent les recettes des agriculteurs.
Les actions conjointes entre les agriculteurs français et belges illustrent l’ampleur des préoccupations touchant l’industrie agricole en Europe, où la crainte d’une compétition déséquilibrée pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le quotidien des producteurs.
Les manifestations observées ne sont pas seulement un cri de désespoir, mais un appel à la mobilisation pour un secteur agricole résilient, capable de faire face à une concurrence mondiale de plus en plus aggressive. Comme l’affirment les manifestants, c’est une question de survie pour de nombreuses exploitations.
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