samedi 19 avril 2025

La Cour des comptes pourrait refuser de certifier l’État

La Cour des comptes, institution clé dans le contrôle de la gestion des finances publiques, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme concernant la situation budgétaire de l’État français. Alors que la certification des comptes est un gage de transparence et de confiance pour les investisseurs et les citoyens, l’absence de suivi des recommandations formulées par cette instance menace de créer un précédent inquiétant. Dans un contexte de déficit public croissant et de critiques sévères sur le pilotage budgétaire, les avertissements de Pierre Moscovici, son président, mettent en lumière une gestion qui semble à la dérive.

Pierre Moscovici alerte sur les dangers d’une non-certification des comptes de l’État

Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, a exprimé une inquiétude majeure ce mercredi concernant la certification des comptes de l’État. Selon lui, l’incapacité persistante à suivre les recommandations formulées par son institution pourrait mener à un refus de certification des comptes. Ce serait une première dans l’histoire récente, et un signal alarmant sur la gestion financière de l’État.

Il a déclaré avec fermeté : « J’aimerais vous faire part de ma très mauvaise humeur s’agissant des suites – ou plutôt de l’absence systématique de suites – données à l’acte de certification ». Ce message s’adresse directement à l’administration et au gouvernement, soulignant leur mépris des alertes et suggestions de la Cour. Moscovici souligne que pour la 19e année consécutive, les comptes ne peuvent être certifiés sans réserves significatives, une situation qui reflète un manque de progrès structurels.

En l’absence d’améliorations substantielles pour le budget 2025, le spectre d’un refus de certification devient une réalité. Cette situation pourrait avoir des conséquences graves, tant au niveau national qu’international, mettant en péril la crédibilité financière de la France et sa capacité à attirer des investisseurs.

L’État sous le feu des critiques pour son mépris des réserves de la Cour des comptes

Les propos de Pierre Moscovici mettent en lumière un problème systémique : le manque de considération de l’État pour les réserves émises par la Cour des comptes. L’ancien ministre n’a pas hésité à comparer cette situation à une entreprise privée où un commissaire aux comptes serait ignoré par le conseil d’administration, une pratique jugée inconcevable dans le secteur privé mais malheureusement courante dans la sphère publique.

La Cour des comptes estime que ses réserves doivent être prises au sérieux pour permettre une meilleure gestion des finances publiques. Pourtant, l’État persiste dans une approche qui semble négliger ces recommandations, allant jusqu’à donner l’impression qu’il « s’en fiche », selon les mots de Moscovici. Cette attitude pourrait non seulement exacerber les déficits, mais aussi nuire à la transparence financière attendue par les citoyens et les investisseurs.

En maintenant des pratiques inchangées, le gouvernement expose le pays à des risques économiques croissants. Pour les experts, ce mépris des réserves de la Cour des comptes est un signal alarmant, révélant une absence de discipline budgétaire et une gestion financière chaotique.

Budget 2024 : des prévisions irréalistes qui inquiètent les experts

Le budget 2024, élaboré à l’automne 2023, est au cœur des critiques. Les prévisions, jugées trop optimistes, se sont révélées déconnectées de la réalité économique. Sous la direction de Bruno Le Maire, un déficit public estimé à 4,4 % du PIB s’est dégradé jusqu’à atteindre 5,8 %, un écart qui témoigne d’une mauvaise anticipation des tendances économiques.

Les experts pointent également l’absence d’une loi de finances rectificative en début d’année 2024, qui aurait pu ajuster les prévisions en fonction des dérapages constatés en 2023. Cette omission a conduit à une gestion qualifiée d’« erratique » par Pierre Moscovici, avec une succession de mesures improvisées comme les gels, surgels et coupes budgétaires, révélant un manque de cohérence dans le pilotage économique.

Ces erreurs de prévision ont des conséquences graves pour la crédibilité du gouvernement et la stabilité économique. Elles soulignent l’urgence de réformer les processus de planification budgétaire pour éviter de reproduire ces échecs à l’avenir.

Gestion budgétaire chaotique : la Cour des comptes sonne l’alarme

La Cour des comptes, par la voix de Pierre Moscovici, dénonce une gestion budgétaire chaotique de la part du gouvernement. Le manque de rigueur et de planification semble être devenu une caractéristique de l’administration publique, au détriment de la stabilité financière du pays.

Moscovici a critiqué un pilotage à vue, avec des décisions prises dans l’urgence et sans véritable stratégie à long terme. Les gels et surgels budgétaires, ainsi que les « coups de rabot », témoignent d’une incapacité à gérer les finances publiques de manière proactive. Ces pratiques ont non seulement aggravé le déficit public, mais ont aussi créé un climat d’incertitude pour les acteurs économiques.

Face à ces constats, la Cour appelle à une refonte complète de la gestion budgétaire, en insistant sur la nécessité d’un cadre plus transparent et prévisible. Les experts considèrent que cette réforme est indispensable pour éviter des crises financières à répétition et restaurer la confiance des citoyens dans les institutions publiques.

Budget 2025 : des progrès timides face à des risques persistants

Malgré les nombreuses critiques, le budget 2025 présente quelques avancées. Pierre Moscovici reconnaît un léger mieux dans les prévisions et la prise en compte des risques, mais ces améliorations restent insuffisantes pour garantir une stabilité à long terme.

La Cour des comptes note encore des biais optimistes dans les hypothèses économiques, ainsi que des risques sous-évalués. Ces lacunes pourraient compromettre la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs financiers et à rassurer les investisseurs. Bien que la trajectoire semble s’améliorer, elle reste fragile face à des défis persistants comme l’inflation, le ralentissement de la croissance et les tensions internationales.

Pour les experts, les progrès observés dans le budget 2025 sont un pas dans la bonne direction, mais ils doivent être accompagnés de mesures concrètes et ambitieuses. Sans une refonte complète de la gestion budgétaire, le risque d’une nouvelle crise financière demeure bien réel.

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