Les finances de La Réunion sont mises à rude épreuve à cause d’un litige colossal concernant la construction de la nouvelle route du littoral (NRL), dont les demandes d’indemnisation des entrepreneurs atteignent un montant vertigineux de 971 millions d’euros. Cette somme, presque équivalente au budget annuel du conseil régional, est perçue comme une menace existentielle pour les ressources de la collectivité. En dépit d’une médiation infructueuse, la justice se penche désormais sur cette affaire délicate, et la décision pourrait avoir des conséquences profondes pour l’île.
La nouvelle route du littoral, long de 12,3 kilomètres, revêt une importance stratégique pour La Réunion, reliant le nord au sud de l’île et remplaçant une ancienne route fréquemment menacée par des chutes de roches. Partiellement ouverte à la circulation en août 2022, elle est désormais empruntée quotidiennement par environ 85 000 automobilistes, ce qui témoigne de son importance pour les déplacements régionaux. Le projet fait face à des surcoûts significatifs, avec des réclamations cumulées d’environ 971 millions d’euros portées par des consortiums de construction, notamment Vinci et Bouygues, qui jugent leurs demandes nécessaires pour contrer les coûts additionnels encourus.
Contexte et implications financières
Au cœur de cette affaire se trouve un besoin urgent de justifier ces coûts, que la présidente du conseil régional, Huguette Bello, a qualifiés d’« indécentes » et « extravagantes ». Après des tentatives de rapprochement entre les parties échouées, c’est désormais au tribunal administratif de Saint-Denis de statuer sur ce conflit. Le 17 septembre, la première audience a abordé des réclamations portant principalement sur les chantiers de digues en mer, qui s’élevaient à près de 300 millions d’euros. Ce montant inclut des intérêts moratoires, une preuve supplémentaire de l’enjeu économique et judiciaire impliqué.
Les raisons des surcoûts
Les entreprises de BTP mettent en avant plusieurs justifications pour ces prétentions gigantesques. Elles évoquent des « contraintes » environnementales ayant compliqué leur travail, comme la nécessité de protéger des espèces marines telles que les dauphins et les baleines à bosse. Ces exigences hasardeuses ont nécessité divers aménagements ainsi que des restrictions sur les horaires de chantier, allongeant ainsi la durée des travaux. En outre, les problèmes d’approvisionnement en matériaux ont également contribué à des délais importants, aggravant la situation financière des entreprises engagées dans le projet.
La position de la justice
Dans ce contexte tendu, les positions des parties prenantes divergent fortement. Au cours des audiences, la rapporteuse publique, Elisabeth Baizet, a exposé sa position en indiquant que les erreurs prétendument commises par le conseil régional lors de l’élaboration des marchés ne pouvaient pas être établies. De plus, elle a souligné que les différents préjudices soulevés par les groupements d’entreprise n’étaient pas « justifiés ». En conséquence, la magistrate a recommandé le rejet de la plupart des recours, ouvrant un nouveau chapitre dans ce dossier judiciaire complexe.
Au fur et à mesure que le tribunal examine les autres contentieux, portant notamment sur le viaduc en mer et les aménagements nécessaires, l’issue de cette affaire aura des répercussions non seulement sur les finances du conseil régional, mais également sur l’avenir des projets d’infrastructure à La Réunion. Si ces demandes sont acceptées, les conséquences financières pourraient affecter sévèrement la capacité de la collectivité à investir dans d’autres infrastructures vitales pour l’île.
Mots-clés: La Réunion, nouvelle route du littoral, Vinci, Bouygues, indemnisation, tribunal administratif, Huguette Bello.