vendredi 4 juillet 2025

La mafia corse : 20 clans criminels sous enquête

Longtemps considérée comme un joyau méditerranéen, la Corse fait face aujourd’hui à une réalité sombre et préoccupante : l’ombre grandissante de groupes criminels organisés. Une récente note de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) dévoile l’existence de pas moins de 20 bandes criminelles exerçant une influence de type mafieux sur l’île. Ces organisations, infiltrant des secteurs clés de l’économie locale, fragilisent non seulement le tissu économique mais aussi les fondements institutionnels de la région. Alors que cette situation atteint des proportions alarmantes, cet article explore les mécanismes et les impacts de cette emprise inquiétante sur l’île de beauté.

La Corse sous l’emprise mafieuse : une économie légale gangrenée

La Corse, île aux paysages idylliques, est aujourd’hui au cœur d’une problématique grave et complexe : la pénétration de l’économie légale par des groupes criminels organisés. Selon une note de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ), consultée récemment, pas moins de vingt équipes criminelles exercent une emprise de type mafieux sur l’île. Ces groupes ont infiltré des secteurs clés tels que le BTP, l’immobilier, la restauration, l’hôtellerie, et le transport maritime.

Ces activités, censées représenter les piliers économiques de la Corse, sont devenues des terrains propices pour des pratiques frauduleuses et des blanchiments d’argent. La note précise que la majorité de ces bandes criminelles ont aussi tissé des liens étroits avec les sphères politiques et sociales, ce qui leur permet d’exercer une influence de grande portée. Cette situation, bien que connue, soulève des inquiétudes quant à l’avenir économique et institutionnel de l’île.

Les habitants et les entreprises légitimes se retrouvent souvent pris en étau, incapables de rivaliser avec ces réseaux qui opèrent à la fois dans la légalité et l’ombre. Cette gangrène économique met en lumière la nécessité de solutions radicales pour freiner cette emprise et préserver l’intégrité de la Corse, une île où la beauté naturelle contraste de manière criante avec cette réalité troublante.

Stratégies et recompositions : l’adaptation des groupes criminels

Face aux mutations des dynamiques criminelles, les groupes mafieux corses ont démontré une grande capacité d’adaptation. Loin d’agir en solitaire, ils développent des stratégies d’alliance pour maximiser leurs profits tout en minimisant les risques. La DNPJ décrit un paysage instable marqué par une « vaste recomposition », où les acteurs criminels cherchent à redéfinir leurs positions et leurs relations.

Ces alliances reposent sur des intérêts communs et des accords tacites visant à éviter les conflits ouverts. Par exemple, certaines équipes se rendent mutuellement des services logistiques ou financiers, consolidant ainsi leur domination sur les secteurs économiques ciblés. Cette stratégie leur permet également de limiter l’exposition médiatique et judiciaire, tout en renforçant leur contrôle territorial.

Cependant, cette recomposition n’est pas sans tensions. Depuis le début de l’année, plusieurs règlements de compte ont été recensés, illustrant les fragilités des pactes entre clans. Ces affrontements pourraient, à terme, déclencher une escalade de la violence sur l’île, augmentant encore la pression sur les forces de l’ordre et la société civile. Le contexte actuel demande une vigilance accrue et une réponse adaptée pour contenir cette recomposition dangereuse.

Le Petit Bar : un empire criminel au cœur de la Corse

Le « Petit Bar » se distingue comme l’un des groupes criminels les plus influents de la Corse. Ce clan, à la tête d’une manne financière conséquente, dispose de vastes connexions dans les milieux politiques et économiques, tant sur l’île qu’au-delà de ses frontières. Ces ramifications internationales témoignent de son expertise dans le blanchiment d’argent et le trafic illégal.

Le Petit Bar est également connu pour ses alliances stratégiques avec les mafionalistes, un terme qui illustre la combinaison entre nationalisme et pratiques mafieuses. Ces alliances renforcent leur emprise, notamment dans les régions de Corse-du-Sud où des figures telles que Pierre Paoli jouent un rôle central. Le clan bénéficie aussi du soutien d’équipes locales comme celles dirigées par Lucchini, Pantalacci, Carboni et Costa.

Un élément notable est l’intégration dans ce bloc d’une équipe menée par Yassine Akhazzane, un individu issu de la communauté maghrébine et des gens du voyage. Cette initiative marque une rupture avec la structure traditionnelle du banditisme insulaire, en élargissant son réseau à des profils plus diversifiés. Ce développement illustre la capacité du Petit Bar à innover dans ses pratiques, renforçant ainsi son statut de puissance criminelle majeure.

Clans rivaux en Haute-Corse : alliances et conflits

En Haute-Corse, la rivalité entre clans atteint son paroxysme, notamment entre les familles Mattei et Costa. Le clan Mattei, reconnu depuis des décennies pour sa « vendetta historique » contre les Costa, demeure l’un des acteurs criminels les plus puissants de la région. Ses activités sont principalement concentrées autour de l’immobilier et des trafics divers, où il exerce une influence considérable.

Cependant, l’équilibre entre ces clans est fragile. Des récents événements, comme l’assassinat de Camille Orsoni en janvier, ont exacerbé les tensions. Ce meurtre, impliquant des proches des Costa, pourrait marquer un tournant dans cette guerre de territoires. Par ailleurs, une série d’arrestations en juin semble avoir affaibli certains membres influents, remettant en question la stabilité de ces groupes.

Dans ce paysage complexe, des alliés comme la bande des « Africains » apportent un soutien stratégique au clan Mattei. Liés à des réseaux internationaux, notamment au Gabon, ces alliés élargissent l’influence des groupes locaux tout en les exposant à des rivalités encore plus grandes. Ces interactions mettent en lumière une Corse où alliances et conflits s’entrelacent dans un cycle perpétuel de violence et de domination.

Mafia corse et société : une influence inquiétante

L’impact de la mafia sur la société corse est profondément préoccupant. En infiltrant des secteurs clés de l’économie et en tissant des liens avec les sphères politiques, ces groupes criminels exercent une influence omniprésente. Leur emprise ne se limite pas aux activités économiques ; elle touche également la vie quotidienne des citoyens, qui se retrouvent souvent contraints de se conformer à des pratiques imposées.

Cette influence est particulièrement visible dans les petites communes, où les chefs mafieux s’érigent parfois en arbitres des décisions locales. Des pratiques telles que l’intimidation, le racket et la corruption sont monnaie courante, créant un climat de peur et d’impunité. Les institutions locales, bien que conscientes de ces dérives, peinent à agir face à la puissance financière et sociale de ces clans.

Le tissu social corse, autrefois basé sur des valeurs communautaires fortes, est aujourd’hui fragilisé par cette omniprésence criminelle. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette situation, mais la complexité des réseaux et le silence imposé par la peur rendent la lutte difficile. Cette influence mafieuse compromet non seulement la justice et l’économie, mais aussi l’identité même de l’île.

L’avenir incertain d’une île sous tension

Le futur de la Corse reste incertain face à la montée en puissance des dynamiques mafieuses. La recomposition des alliances criminelles, les tensions croissantes entre clans rivaux, et l’infiltration des secteurs économiques et politiques laissent présager des défis majeurs pour les années à venir.

Les forces de l’ordre, malgré leur détermination, sont confrontées à des organisations qui évoluent rapidement et qui bénéficient de ressources considérables. Les récentes arrestations et enquêtes, bien qu’encourageantes, ne suffisent pas à enrayer complètement le phénomène. En parallèle, la population insulaire manifeste des signes d’épuisement et de résignation, faute de solutions concrètes.

La mise en place de politiques robustes et d’une coopération renforcée entre les autorités locales, nationales, et internationales pourrait constituer un levier essentiel pour réduire cette emprise mafieuse. Mais ces efforts nécessitent un engagement sur le long terme et un soutien constant pour espérer un véritable changement. L’avenir de la Corse dépendra de la capacité à concilier justice, sécurité, et développement économique dans un contexte sous haute tension.

articles similaires
POPULAIRE