mercredi 8 janvier 2025
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Consommation en crise : économistes au bord du désespoir !

Depuis plusieurs mois, les prévisions des économistes, gouvernements et banques centrales s’accordent sur une reprise imminente de la consommation. Avec une inflation jugée maîtrisée, à 2,4 % dans la zone euro en 2024, et des salaires en hausse de 5,4 %, on pourrait s’attendre à une embellie du pouvoir d’achat, qui a progressé d’environ 3 %. Pourtant, cette amélioration ne se traduit pas par une augmentation des dépenses des ménages, qui demeurent stagnantes, soulignant des disparités inquiétantes dans la consommation à travers le continent.

Au cœur de la problématique, les ménages européens peinent à se relever des impacts des crises économiques de 2022 et 2023. Ils se trouvent dans une situation financière plus précaire par rapport à 2021. « On a rattrapé une partie du pouvoir d’achat perdu. Mais, sur trois ans, il reste une perte nette », déclare François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Cette défiance se traduit par une baisse significative du pouvoir d’achat, qui a chuté d’environ 5 % en moyenne dans la zone euro depuis janvier 2021, avec un recul de 3 % en France. Dans ce contexte, la relance des dépenses ménagères apparaît comme une tâche ardue.

Une consommation en berne malgré les signes positifs

Les récentes statistiques montrent des disparités frappantes en matière de consommation à travers l’Europe. À titre d’exemple, alors que l’Espagne (+2 %) et le Portugal (+3,3 %) affichent des hausses notables, des pays comme l’Autriche et l’Allemagne observent un recul de la consommation. La France et l’Italie se contentent d’une progression très modeste de 0,7 %. Les raisons de cette situation sont multiples, mais l’explication principale réside dans le fait que les ménages n’ont pas encore retrouvé une stabilité économique après les chocs successifs de ces dernières années.

Des inégalités croissantes

Les disparités de consommation sont accentuées par la différence entre les ménages. Ceux qui appartiennent aux classes supérieures ont su compenser leur perte de pouvoir d’achat grâce à des revenus de capitaux croissants, tirés notamment de la Bourse et des dividendes. En revanche, les ménages les plus modestes restent englués dans des difficultés financières, plombés par une inflation persistante qui rogne leur pouvoir d’achat. Cette fracture économique souligne la nécessité de politiques adaptées pour soutenir les plus vulnérables.

Un taux d’épargne record

Parallèlement à cette stagnation des dépenses, le taux d’épargne des ménages a atteint des sommets, culminant à 15,7 % du revenu au deuxième trimestre 2024, soit trois points de plus qu’avant la pandémie. Cette épargne accrue indique une prudence parmi les consommateurs, qui font face à de nombreuses incertitudes économiques et politiques. Eric Dor, directeur des études économiques à l’Iéseg, affirme que « les ménages font face à de très fortes incertitudes », et mentionne les craintes politiques en France, les élections en Allemagne ainsi que les tensions géopolitiques, en particulier concernant la situation en Ukraine.

Une confiance affaiblie

Le climat d’instabilité engendré par un avenir incertain contribue à maintenir les consommateurs dans une position d’attentisme. Les élections peuvent influencer le moral des ménages, mais on assiste aussi à la méfiance face à d’éventuels seigneurs économiques, tel que le président élu américain, qui pourrait avoir des impacts sur l’Europe. Ce mélange d’inquiétude et de résilience alimente un cycle où la consommation reste atone malgré des signaux économiques positifs.

À travers cette analyse, il apparaît clairement que la nourriture d’une reprise de la consommation est présente, mais elle est freinée par des éléments structurels qui vont au-delà des simples variations des chiffres économiques. Au final, une consommation durable et positive reposera sur des politiques adaptées et une réelle prise en compte des dynamiques sociales et économiques en jeu.

Mots-clés: consommation, pouvoir d’achat, zone euro, épargne, économie, inégalités

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