Les catastrophes naturelles en France à l’horizon 2050 : un coût en augmentation
Le 15 mars dernier, la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur public français, a publié son rapport scientifique annuel. Ce dernier constate une augmentation des phénomènes naturels, plus fréquents, plus étendus et donc plus coûteux. Les conclusions du rapport sont importantes pour mesurer les risques naturels et mieux prévenir et financer leur indemnisation. Pour cela, la CCR travaille en partenariat avec des organismes scientifiques tels que Météo-France ou l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).
Le rapport met en exergue la fragilité du régime d’indemnisation des Catastrophes Naturelles (Cat Nat) créé en 1982. Cette garantie des assureurs associée à l’Etat via la CCR est financée par une surprime appliquée à tous les contrats d’assurance habitation et automobile, à hauteur de 22 euros par ménage et par an. Ces indemnisations ont atteint 1,5 milliard d’euros par an en moyenne ces dix dernières années.
En outre, les résultats de l’étude menée en partenariat avec Météo-France permettent de constater une augmentation de la sécheresse exceptionnelle de 2022 qui est considérée comme l’événement le plus coûteux depuis la création du dispositif, avec 2,8 milliards d’euros pour les seules indemnisations de dommages dus au « retrait-gonflement des argiles ». Ce phénomène de déformation des sols fragilise les bâtiments et dont les dommages, souvent étalés sur des années, sont compliqués à prévenir.
En 2003, les scientifiques estimaient qu’un phénomène de l’ampleur d’une sécheresse surviendrait tous les 15 ans. Aujourd’hui, ils tablent sur un retour tous les 7 ans. Par ailleurs, le rapport met en lumière les conséquences du dérèglement climatique sur les récoltes agricoles. Une étude menée sur la base d’un « maillage » du territoire français à une échelle de 8 kilomètres sur 8 permet une évaluation des dommages au plus fin. Le recensement conclut à un assèchement « généralisé » à l’avenir, avec une évolution plus marquée dans le nord du pays. Le montant des récoltes perdues augmenterait en moyenne de 22 % d’ici à 2050, pour atteindre 1,5 milliard d’euros et les prairies seraient les plus touchées, avec 70 % des exploitations concernées.
Dans l’ensemble, le rapport souligne l’importance de modéliser toujours plus finement les risques, à la fois à grande échelle et avec une précision kilométrique, pour intégrer les questions d’évolution du climat dans les moyens de prévention. Il démontre que la sécheresse exceptionnelle de 2022 est un exemple concret de l’accélération et la gravité du changement climatique en cours.
Mots-Clés : catastrophes naturelles, régime d’indemnisation, sécheresse, dérèglement climatique.