Le Brésil s’engage résolument dans le secteur spatial avec l’initiative visant à attirer des entreprises de fabrication de satellites et à renforcer son indépendance numérique. Lors d’une récente visite à Shanghaï, une délégation brésilienne a salué l’expertise de Spacesail, un constructeur capable de produire un satellite par jour. Avec des projections d’implémentation au Brésil d’ici deux ans, cette démarche s’accompagne de l’utilisation de la base spatiale d’Alcantara pour des lancements, tout en cherchant à contrebalancer l’influence grandissante de Starlink sur son territoire.
Le 21 octobre, une délégation envoyée par le gouvernement brésilien a inspecté les installations de Spacesail, fabricant de satellites en orbite basse situé à Shanghaï. Juscelino Filho, le ministre des communications, a exprimé son admiration pour l’innovation présente au sein de l’entreprise : « Nous avons été surpris par la capacité de production, qui atteint un satellite par jour, ainsi que par leurs projets ambitieux d’expansion spatiale ». Pour faciliter l’arrivée de Spacesail, le gouvernement brésilien a proposé d’utiliser la base spatiale d’Alcantara, dans le nord-est du pays, pour le lancement des satellites produits.
Une opportunité stratégique pour l’industrie spatiale brésilienne
Cette initiative prometteuse survient dans un contexte où le Brésil cherche à garantir une place sur la scène spatiale mondiale. En effet, des protocoles d’accord sont prévus pour être signés lors de la visite du président chinois Xi Jinping au G20, qui se déroulera à Rio de Janeiro les 18 et 19 novembre prochains. Les efforts du gouvernement montrent un désir d’attirer des acteurs de l’industrie spatiale, tout en cherchant à se libérer du monopole imposé par Starlink, le fournisseur d’accès à Internet par satellite de SpaceX, dirigé par Elon Musk.
Starlink : un acteur dominant mais controversé
Depuis son lancement commercial au Brésil en juin 2022, Starlink a capté 46 % du marché des connexions Internet par satellite, avec 265 000 abonnés. La simplicité des panneaux, adaptés à des zones éloignées comme l’Amazonie, a été déterminante pour leur adoption. Ces installations, peu coûteuses et faciles à mettre en œuvre, ont été réalisées dans 96 % des collectivités de la région, permettant ainsi aux populations, notamment les communautés indigènes, d’accéder à Internet pour la première fois.
Walter Kumaruara, un jeune indigène de 28 ans de la région du Baixo Tapajos, note que « Internet facilite l’accès à la télémédecine et nous permet de développer le tourisme communautaire ». Il ajoute également que « les jeunes peuvent désormais poursuivre des études universitaires sans quitter leur territoire », en se formant en ligne.
Des préoccupations entourent l’influence étrangère
Malgré ces avantages, la dépendance croissante face à Starlink suscite des inquiétudes au sein du gouvernement brésilien. Face à la montée en puissance d’Elon Musk, des doutes émergent quant à l’impact potentiel sur la souveraineté nationale. Yasmin Curzi, professeure en droits humains à la Fondation Getulio Vargas à Rio de Janeiro, souligne : « Nous ne savons pas comment la nomination de Musk au sein du futur gouvernement de M. Trump pourrait affecter la souveraineté du Brésil ». Cette interrogation soulève un point crucial : la possibilité que Starlink collecte et transmette des données sensibles sur l’usage d’Internet au gouvernement américain.
La situation met en évidence qu’en dépit des avantages indéniables apportés par les technologies modernes, il est fondamental pour le Brésil de maintenir un équilibre entre innovation et souveraineté. L’alliance avec Spacesail constitue un premier pas significatif vers une indépendance accrue, tout en renforçant les initiatives locales pour le développement technologique.
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