vendredi 18 octobre 2024
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Banques françaises face à un scandale charbon: trahissent-elles leurs promesses ?

Les grandes banques françaises sont-elles vraiment engagées à mettre un terme au soutien du secteur du charbon ? C’est la question que pose l’ONG Reclaim Finance dans un rapport publié le 15 octobre 2024, qui accuse certaines d’entre elles de pratiques jugées « trompeuses ». Bien que des efforts aient été réalisés par des institutions comme BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE (maison mère de Natixis), des contradictions persistent dans leurs politiques de désengagement.

Dès 2016, à la suite de l’accord de Paris sur le climat, les quatre grandes banques françaises ont promis de diminuer, puis d’éliminer leur exposition au charbon, avec des échéances varient selon les compétences géographiques : 2030 pour les pays développés et 2040 pour le reste du monde. Ce désengagement a d’ores et déjà conduit à une réduction substantielle des financements accordés, passant de 924 millions de dollars en 2023, soit une baisse de 59 % par rapport à 2019, en faveur des entreprises répertoriées dans la Global Coal Exit List d’Urgewald.

Un Engagement Partiel à la Transition Énergétique

Cependant, Reclaim Finance souligne que cet engagement n’est pas sans réserves. Les résultats tangibles viennent s’opposer à des pratiques encore problématiques constatées dans cette volonté de désinvestir. « On ne nie pas le fait qu’on avance, mais il y a un écart entre la parole et les actes, » déclare Yann Louvel, analyste chez Reclaim Finance. Cela soulève des interrogations sur la manière dont ces banques appuient des entreprises qui poursuivent des projets dans le charbon, comme l’exploitation de nouvelles mines ou la construction de centrales thermiques.

Pour renforcer leur mise en cause, l’ONG indique que certaines politiques d’exclusion des financements ne prennent pas en compte les entreprises mères de celles directement engagées dans le secteur. En d’autres termes, ces groupes peuvent continuer à recevoir des fonds tant qu’ils ne sont pas directement impliqués dans des activités de charbon.

Comparaison avec le Financement International

Les déficits de désengagement des banques françaises deviennent d’autant plus préoccupants lorsqu’on fait une comparaison internationale. En effet, les institutions financières chinoises ont injecté 88 milliards de dollars dans le secteur charbonnier en 2023, tandis que leurs homologues américaines ont offert près de 20 milliards. Cela illustre une dynamique bien éloignée de l’objectif de durabilité à long terme prôné par les banques françaises.

Des Exemptions Remarques

Un autre point soulevé concerne le soutien à plusieurs groupes identifiés comme « problématiques » dans le charbon. Parmi ceux-ci figurent des entreprises d’envergure telles que le géant japonais Mitsubishi et le sud-coréen Posco, connus pour étendre leurs capacités de production d’énergie au charbon. Reclaim Finance déplore également l’absence de perspectives claires pour les compagnies d’électricité américaines American Electric Power et NRG Energy, qui continuent d’opérer dans ce secteur sans échéancier proposable pour un éventuel retrait.

Les choix d’investissement réalisés par ces banques suggèrent une forme d’hypocrisie, où les promesses de désengagement peuvent se heurter à des réalités économiques. Il est donc impératif de suivre de près ces pratiques financières afin de s’assurer d’une véritable transition vers des énergies renouvelables.

Conclusion et Perspectives

En somme, bien que des avancées indéniables aient été réalisées par les principales banques françaises vers un désengagement du charbon, les anomalies observées dans leurs politiques soulèvent d’importantes préoccupations. Il est crucial que ces institutions harmonisent leurs engagements avec leurs actions concrètes. La lutte contre le changement climatique ne doit pas se traduire par des promesses non tenues, mais par un engagement ferme et cohérent, tant sur le plan national qu’international.

Mots-clés: banques françaises, charbon, Reclaim Finance, désengagement, émissions de CO2, financement climatique

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