Le 6 décembre 2024, environ une centaine de salariés de la division spatiale d’Airbus se sont rassemblés à Toulouse pour exprimer leur mécontentement face à un plan de réorganisation ambitieux. Cette mobilisation, orchestrée par la CGT et l’UNSA, met en lumière les inquiétudes des employés, comme Hamida Saouiki, qui, après plusieurs années dans l’entreprise, se sentent déstabilisés et fatigués par une situation qu’ils qualifient de précaire. Les coupes annoncées dans les effectifs soulèvent de nombreuses interrogations sur l’avenir de la branche spatiale d’Airbus.
Depuis son intégration à Airbus DS en 2019, Hamida Saouiki a traversé deux plans sociaux, une réalité qu’elle décrit comme épuisante et démoralisante. « Nous avons l’impression d’être des hamsters dans une roue », confie-t-elle, en faisant écho à un sentiment partagé par ses collègues. Cette récente manifestation à Toulouse s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet de restructuration dénommé plan Proton, dont les contours ont été révélés la veille lors d’une réunion avec les représentants des employés.
Un projet de réduction des effectifs sans précédent
Le plan Proton, qui se déploiera jusqu’à la mi-2026, prévoit de réduire l’effectif de la branche spatiale d’Airbus de 2 043 postes sur un total mondial de 37 000. Parmi les pays impactés, l’Allemagne est la plus touchée, avec 689 postes à supprimer, tandis que la France devra faire face à 540 pertes sur4500, dont 424 sur le site de Toulouse et 116 à Élancourt. Cette réorganisation sur fond de préoccupations financières n’est pas vraiment une surprise pour les employés, qui avaient déjà été mis en garde par la direction en octobre dernier, lorsque celle-ci avait annoncé un potentiel de suppression allant jusqu’à 2 500 postes, en réaction aux pertes de 1,6 milliard d’euros dues à des retards et des surcoûts liés à des projets stratégiques.
Des raisons d’être inquiet
Benoît Thiébault, secrétaire général de la CGT et ingénieur en propulsion de satellites chez Airbus, dénonce cette décision qu’il perçoit comme une simple manœuvre financière à court terme. « Cette annonce est une opération boursière, et la direction cherche avant tout à améliorer sa rentabilité », déclare-t-il. Il souligne également qu’en dépit d’une pause temporaire dans la fabrication prévue pour 2025, l’activité globale de l’entreprise ne justifie pas de telles coupes, car les commandes sont soutenues, avec une visibilité de trois à quatre ans dans le domaine de l’ingénierie.
La résilience face à une conjoncture difficile
Un des éléments qui interpellent dans cette situation is le programme Iris2, destiné à établir une constellation de 290 satellites pour fournir un Internet haut débit. Attribué à Airbus DS et Thales Alenia Space, ce projet européen pourrait significativement contrer l’argument de la nécessité de réduire les effectifs. « Nous avons un carnet de commandes plein », insiste Thiébault, ajoutant que cette charge de travail indique une demande future solide qui pourrait bien se solder par des nouvelles embauches.
La résistance exprimée par les salariés de la branche spatiale d’Airbus à Toulouse est un exemple frappant des conflits que peuvent engendrer des choix stratégiques dans une entreprise de haut niveau, et la question qui se pose maintenant concerne l’avenir de cette branche face aux défis de la compétitivité et de l’innovation.
Les manifestations de solidarité entre les employés témoignent d’un profond désir de changement face à une restructuration jugée excessive et injustifiée. Les semaines à venir pourraient donner lieu à de nouvelles mobilisations et discussions, alors que les représentants syndicaux envisagent d’initier un dialogue plus profond sur l’avenir de la branche spatiale.
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