Deux célèbres défenseurs des droits humains, Xu Zhiyong et Ding Jiaxi, ont été condamnés à de lourdes peines le 9 avril dernier par un tribunal de la province du Shandong, en Chine. Les autorités locales ne communiquent pas sur l’affaire et les avocats ont été interdits de répondre aux journalistes. La femme de Ding Jiaxi, Luo Shengchun, installée aux États-Unis, a été la première à révéler les peines : douze ans de prison pour son époux et quatorze ans pour Xu Zhiyong. Tous deux ont été reconnus coupables de « subversion du pouvoir de l’État » à l’issue d’un procès à huis clos en juin.
Si leur sort ne faisait guère de doute, puisque la Chine condamne habituellement 99% des personnes qui passent devant un tribunal, la lourdeur des peines a choqué. Les deux hommes sont considérés comme des éminents défenseurs des droits humains en Chine. Pour Yaqiu Wang, spécialiste de la Chine auprès de Human Rights Watch, ces « peines d’une cruauté grotesque témoignent de l’hostilité indéfectible du président Xi Jinping à l’égard de l’activisme pacifique ».
Xu Zhiyong était l’un des principaux acteurs d’un mouvement de défense des droits dans les années 2000, rejoint par Ding Jiaxi quelques années plus tard. Ils avaient participé à une réunion privée en 2019 pour discuter de mobilisation. Ding Jiaxi a été arrêté peu après et Xu Zhiyong avait réussi à échapper à la police jusqu’à son arrestation en février à Canton. Il avait publié une critique acerbe du pouvoir dans une lettre ouverte. Dans celle-ci, le dissident accusait le président chinois de nager à contre-courant de l’histoire et lui demandait de quitter le pouvoir.
La répression s’abat également sur l’entourage de Xu Zhiyong. Sa compagne, Li Qiaochu, engagée pour la défense des femmes et des travailleurs, a été arrêtée pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État » et attend son procès.
Cette condamnation a été fortement critiquée par les instances internationales. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a souligné dans un communiqué que les peines étaient en contradiction avec les standards internationaux en matière de droits humains. La communauté internationale est également préoccupée par le sort réservé à ces défenseurs des droits humains en Chine, car ils faisant partie d’une espèce en voie de disparition.
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